L'Art est sur l'Image Cinématographique

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lundi 6 février 2012

Gainsbourg vie héroïque

 
Film Biopic et musical de 2h10 réalisé par Joann Sfar, avec Eric Elmosnino, Lucy Gordon et Laetitia Casta (plus apparition de Claude Chabrol). Film sorti le 20 janvier 2010.


Filmographie:

Gainsbourg vie héroïque
Le Chat du Rabbin (1er juin 2011)


 
Premier point de vue:


Quand est-ce qu'il va parler d'un film français celui là ? Ne vous inquiétez pas, je vais y venir. D'ailleurs le premier que je propose est celui-ci. Je n'ai pas pu voir le film au cinéma, mais je reçois tout de même une bonne claque en face de ma télévision. Une claque car mon enfance a été en partie bercé par ses compositions, et également une sacrée claque quand la phrase "un conte de Joann Sfar" prend tout son sens.

Pour ceux qui s'attendaient à un documentaire sur la vie de Serge Gainsbourg et sans aucune trace de fantaisie imaginée par le réalisateur, vous risquez d'êtres déçus. G. vie héroïque ne ment pas en déclarant être un conte, et j'en suis comblé car la magie du cinéma opère. Le film exploite de nombreuses astuces pour captiver le spectateur. L'idée du double sous forme de marionnette, le côté machiavélique qui est extériorisé, cette idée de parler avec soi-même n'est autre que l'expression débordante du génie. Faire des allusions aux musiques en les exprimant dans la réalité: remplacer la tête de Gainsbourg par un chou. Le film n'est pas qu'une vue de la réalité, il est une vue de l'esprit. Le personnage d'Eric Elmosnino ne demeure pas qu'une simple icône, Gainsbourg semble revivre.

Il est intéressant comme dans tous films Biopic, de revenir à l'enfance de l'artiste. Son vrai nom est, Lucien Gainsbourg, jeune garçon d'origine juive résidant en France au sein d'une famille assez stricte. Le père était pianiste, et tenait à faire de ses enfants, de meilleurs artistes que lui. Une famille qui part chance, échappa à la milice et aux déportations. On nous présente un garçon déjà très précoce, intrigué par la sexualité et plein de répartie. L'imagination de Lucien développe un univers dans lequel il puise son inspiration, dans lequel il se cache, se protège, un monde dans lequel il combat une forme de solitude. Nous gardons constante présence de ses origines par le biais de la caricature: long nez crochu, grandes oreilles décollées. L'humour est non seulement une marque du déroulement de l'histoire, mais avant tout, cela reste un humour glacial, provocateur, scandaleux, servant d'huile au caractère de l'artiste.

Je veux en venir à un point en particulier, les mains de la marionnette. Quand Gainsbourg est en pleine réflexion, il a cette manière de bouger ses doigts (même quand il fume) correspondant à une sorte de tic de concentration. Les doigts longs et pointus est une autre caricature chez l'individu juif exprimant cette façon de mettre le grappin sur quelque chose. Mais ce n'est pas l'aspect le plus marquant de ces fameuses mains. En voyant ceci j'ai tout de suite pensé au vampire "Nosferatu": col relevé, costumes noirs et blancs, voix ténébreuse, gesticulation des longs doigts pointus. Gainsbourg devient le vampire Nosferatu. Il travail surtout de nuit, de jour il est souvent dans des pièces dont la luminosité est atténuée par des rideaux. Puis il y a cette manière de vampiriser, consumer, manipuler. Quand il rencontre France Gall, il devient un personnage de ténèbres, face à un petit ange innocent. Gainsbourg est déjà quelqu'un d'assez pâle à la base, mais très vite, sa santé diminue à cause de la cigarette (des gitanes... quand même) et de l'alcool. Il devient de plus en plus pâle, fou et violent. Il forme une sorte de fusion avec son double lorsqu'il rencontre Jane Birkin. C'est à se demander si le côté diabolique de Gainsbourg le consume de l'intérieur. Le côté macabre est amplifié, lorsqu'il nous présente la momie de son atelier. Il devient l'ombre de lui même, cette ombre en rapport avec celle de Nosferatu, l'être intérieur qui détruit. Si nous prenons l'exemple de Dracula cette fois, on peut penser également au personnage démoniaque, comme brillant compositeur avec l'orgue. Sans aucun doute, Serge Gainsbourg devient cet homme des ténèbres, qui a besoin de porter des lunettes noires pour supporter la lumière des projecteurs. Machiavélique est le mot approprié pour décrire Serge Gainsbourg.

Je pardonne sans remords, cette utilisation du fantastique, très puissante dans la narration. Je félicite même cette idée très originale et malgré tout, véridique. Une seule chose me vient vraiment en tête: je plains ses conquêtes, il ne devait pas être un homme facile !


 
 

 
Un grand bravo à Joann Sfar, pour un genre Biopic que les français utilisent en général avec difficulté. (A.R)

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