L'Art est sur l'Image Cinématographique

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samedi 11 février 2012

Pas si myope



Film d'espionnage et thriller français, britannique et allemand de 2h07 réalisé par Tomas Alfredson d'après le best-seller de John le Carré, avec Gary Oldman, Mark Strong, John Hurt, Colin Firth et Tom Hardy. Sorti le 8 février 2012.


Filmographie:

Bert, the Last Virgin (1994),
Office Hours (2003),
Four Shades of Brown (2004),
Morse (2008) 
La Taupe (2011)


Premier point de vue:
 
Quel plaisir de voir un vrai film d'espionnage qui n'a pas besoin de gadget pour fonctionner. Les personnages du film usent de leur observation, de leur mémoire, de l'interprétation, et de leur sens de l'enquête. Il y a bien longtemps qu'on ne nous a pas servis un film de ce genre, qui reste comparativement simple à côté de l'action d'un James Bond, mais qui se révèle être bien plus tortueux qu'il n'y parait, en terme d'intrigue. Nous voici pris au piège dans la sphère de l'espionnage britannique "Le Cirque", dont l'ancien patron déclare avant de prendre sa retraite et de mourir, qu'il y a une taupe (un ver dans le fruit pour être plus exact) soviétique dans le service, quelqu'un de haut placé, depuis des années. L'ancien chef soupçonne cinq personnes dont son fidèle lieutenant Mr.Smiley (Gary Oldman). Ces cinq personnalités font partis des plus importants du Cirque après l'ancien patron. Il leur a attribué une identité basé sur la théorie de l'échiquier: la tour, le fou, le cavalier, le roi et la reine. Gary Oldman est considéré comme étant la reine. Cela place Smiley à un certain niveau de professionnalisme, puisque la reine est cette pièce qui peut tout balayer dans n'importe quel sens. Ce personnage plutôt vieux, calme, discret est très vite vu comme le personnage le plus doué du service. Nous ne pouvons que douter de tout le monde, même du personnage principal, tellement il semble au courant de beaucoup de choses.

Alors que Smiley a été mis également sur la touche, il est secrètement engagé par le gouvernement qui craint en la véracité d'une taupe dans les services. Smiley a souvent eu pour rôle, d'espionner son propre service afin d'y déceler les failles. Voici un excellent cas d'espionnage, de contre espionnage, de contre contre espionnage. L'idée de la taupe dans le service vient du fait que l'un de leurs agents a été repéré lors d'une mission en Hongrie, puis descendu. En tout cas le film joue énormément sur l'idée de l'observation. Il y a de nombreux plans où nous voyons le reflet des lunettes de Gary Oldman cacher ses yeux. L'image de la taupe, presque aveugle, qui a besoin de ses lunettes pour voir plus clairement les choses est constamment présente. Le fait de ne voir que les verres de ses lunettes, nous montre à quel point Gary Oldman n'est qu'un être d'objectivité. Il y a même ce fameux plan où il parle à la caméra, comme si il s'adressait à nous les spectateurs. Cela l'élève en tant qu'homme de puissance et de pouvoir à qui on ne peut rien cacher, et qui voir clair dans le jeu des autres. Il y a ce côté interrogatoire de la Gestapo, avec le personnage qui tente de sensibiliser, manipuler, effrayer. Gary Oldman malgré cette fragilité apparente de l'homme vieux et myope, semble tirer les ficelles mieux que quiconque. Il nous fait douter de lui, il nous inquiète par son sourire de satisfaction. Pas étonnant que l'acteur soit nominé aux oscars. Même si le personnage semble très mou et inactif, il est important de voir la subtilité de ses gestes et de sa manière d'interroger.

Ensuite nous avons de nombreuses interprétations du double jeu. Regardons l'image ci dessous:

 
Ce reflet ou disons cette symétrie, symbolise quelque part, le double jeu dont doit faire preuve l'espion. Le téléphone est souvent présent, rappelant que l'intérêt de leur travail est également l'écoute. Nous avons régulièrement cette surveillance des appels téléphoniques ou des conversations dans des planques. Si nous devons parler de gadgets, le micro caché est bien le seul outil dont ils se servent. L'image d'écouter aux portes, d'écouter à travers les murs. On peut penser à la scène de l'ascenseur, quand la double porte verticale s'ouvre pour faire apparaître un autre personnage dans le champ de la caméra.

C'est avec entière sincérité que je vous recommande ce film si jamais vous appréciez les thèmes qui sont utilisés. J'ai eu plaisir à retrouver Gary Oldman dans un plus grand rôle, car il est un acteur de qualité capable de beaucoup. La narration est sans doute un peu compliquée, et le film mériterait qu'on le regarde deux fois, tellement nous doutons sur notre compréhension du film. Ni trop long, ni trop court, le film n'entraîne aucune lassitude, bien qu'on puisse s'attendre à des longueurs avec ce type d'histoire, qui joue sur la patience et la discrétion.
 

(A.R)

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