La
Crème de la crème – Sauvons les apparences
« Prestige,
Fraternité, Lois du marché, tu as compris ça, tu as tout compris »
Film
sorti le 2 avril 2014 et réalisé par Kim Chapiron.
Filmographie :
Sheitan (2005), Dog Pound (2009), La crème de
la crème (2014)
Casting :
Alice Isaaz, Thomas Blumenthal, Jean-Baptiste Lafarge, Karim Ait M’Hand, Marine
Sainsily.
Des
élèves provenant de l’une des plus prestigieuses écoles de commerce de France
créent leur propre club en montant un réseau de prostitution. Leur groupe gagne
en reconnaissance. Grâce au marché du sexe, ils vendent de la popularité aux
plus exclus de leur communauté.
Arrêt
sur critiques : Ceux qui ne l’apprécient pas parlent
d’un film cliché, qui ne fonctionne qu’au bling bling, seul le sexe et
l’affiche vend le film qui reste soft de ce côté, les dialogues sont des
slogans commerciaux faciles, le spectateur n’appartenant pas aux hautes sphères
se sentira exclu, un film qui n’assume pas sa position jusqu’au bout. Ces
points de vus sont assez exactes mais le film justifie ces choix par rapport à
sa position. Kim Chapiron décrit en 1h30
un monde d’apparence où ni le travail, ni le talent prévalent à la réussite.
Sans hypocrisie et probablement en disant ce que l’on sait déjà, le film met
les accents sur des rapports humains construits selon les rouages du système
actuel. Le film dépeint ce qu’il en est : le cliché c’est de l’apparence,
les slogans réchauffés c’est de l’apparence, le sexe c’est vendeur, la plupart
des spectateurs se sentent exclus… normal on nous montre les dirigeants de
demain. Comment critiquer ces slogans puisque nos politiques sont surtout élus
pour leurs « promesses » ? Allons-nous dire :
Choisissez-moi car de toute façon il vous faut un président. La crème de la crème montre un monde
« hype » et se vend de manière logique en montrant ses atouts. Le
succès des élèves de l’école tient surtout en une chose : ils viennent de
familles riches qui possèdent déjà un immense réseau. La petite cuillère en
argent est déjà dans la bouche. Ils comprennent que pour réussir « il faut
avoir l’air ». A aucun moment le film nous dévoile des rouages complexes du
marché. Au contraire, il décrit ce que l’on se prend de plein fouet depuis des
années. Le besoin de se diversifier (différentes catégories pornographiques
décrites par Jaffar), le besoin de s’exporter car la demande se raréfie, la
meilleure façon de se vendre est de montrer sa « vitrine » et non
d’expliquer ce qu’il y a dans le « magasin ». La crème de la crème annonce la couleur dès le générique en
montrant qu’il peut se payer Xavier De Rosnay et Gaspard Augé (groupe Justice)
afin d’animer les soirées privées. Le film montre justement que nous ne sommes
pas forcément plus bêtes que ces élèves. Ils jouissent d’une situation. Comme
le mentionne accidentellement Kelly (Alice Isaaz) : « les riches sont
plus riches et les pauvres plus pauvres ». Disons plutôt que les riches
d’hier sont toujours les riches de demain. Le spectateur se sent probablement
révolté lorsque Kelly se paye le joli minois d’une fille qui aménage les rayons
d’une grande surface. On met en avant « l’héritage du pouvoir ».
Jaffar qui semblait « minable » au début, fini par monter sur ses
grands chevaux et parler comme le roi du pétrole. Leur façon d’avoir raison est
peut-être de faire croire aux personnes « lambda » qu’ils sont plus
stupides qu’eux. Ils ne font que de retenir le principal et d’exploiter la
recette ou l’équation à fond. La Crème de
la Crème fonctionne, il séduit, il ne change pas la vie des plus
nécessiteux mais soulève pendant 1h30 le voile de l’hypocrisie qu’on nous met
sur les yeux.
Rameau Antoine