L'Art est sur l'Image Cinématographique

Un Blog sur l'analyse filmique et la critique


jeudi 9 mai 2013

Analyse de Spring Breakers #2: Un film mal compris

La société rencontre aujourd'hui, son come-back années 70 et une nouvelle ère marginale



Analyse Poussée de Spring Breakers #1

Est sorti récemment sur les écrans, un film américain d’Harmony Korine « Spring Breakers ». Ce film a été bien reçu par la critique, mais beaucoup moins par le public. Peut être parce qu’il est beaucoup trop tôt pour montrer que le film a pour but de présenter ces mêmes transformations qui se produisirent dans les années 70.  L’histoire concerne quatre jeunes étudiantes qui en ont assez de leur quotidien. Elles désirent amasser le plus d’argent possible afin de partir vivre l’expérience du Spring Break, qui est le moment le plus festif de l’été en Floride. Cette fête se résume à : la plage, la musique, l’alcool, la drogue et le sexe. Un lieu paradisiaque où il est possible de flirter avec différents « plaisirs » illégaux. Ces jeunes filles au tempérament très acide et violent, décident de braquer un restaurant afin de réunir les fonds nécessaires pour le voyage. Elles utilisent des cagoules et des faux pistolets pour accomplir leur hold-up. Suite à quoi, elles partent en Floride à la recherche de la liberté. Ces jeunes en recherche d’évasion, et de limites à dépasser, peuvent assez facilement nous rappeler le courant beatnik, ou les hippies qui revendiquaient le droit d’user de leur vie comme bon leur semblaient. Nous retrouvons les mêmes ingrédients, entre drogue et expériences à vivre. Ces jeunes filles déclarent tout haut leur rupture avec un monde qui semble privatiser les populations, une société chère et mensongère. Loin de la politique « Peace and Love », le film penche vers l’aspect violent et destructeur qu’amène cette vie. Les hippies eux-mêmes étaient persécutés, pour leur désir de rester en marge et s'opposer à la loi. Spring Breakers varie entre le coloré et les groupes communautaires des années 70. Nous retrouvons des influences venues d’un Brian De Palma avec Scarface entre sa violence et cette ascension vers un rêve, puis un Easy Rider sur le thème du voyage et de la rencontre. Les jeunes filles finissent par êtres arrêtées en Floride pour usage de stupéfiants. C’est un rappeur et trafiquant de drogue du pseudonyme d’Alien qui vient les libérer, charmé par ces corps exhibés en maillot de bain. Les filles sont plongées dans l’univers gangster d’Alien, et le rêve prend des tournures de cauchemar. La perte des repères (l'anomie) est encore plus accentuée dès lors, que les jeunes filles entrent dans une violence qu’elles ne savent interpréter et maîtriser. Perdues dans le rêve pré fabriqué du Spring Break, les quatre amies sont conduites à êtres séparées les unes après les autres : la première prend conscience qu’elles vont trop loin, la deuxième survie d’une balle reçue à l’épaule, puis les deux dernières franchissent la limite ultime, en déclenchant une tuerie chez un gangster rival. Harmony Korine, artiste extrêmement contemporain renvoi au spectateur l’image dégagée par la société de consommation et les média. Un monde illusoire, où encore une fois, la société possède dans ses plus hauts sommets des personnalitées douteuses, des rappeurs riches, trafiquants et meurtriers. Digne d’une fin comme dans l’Inspecteur Harry ou bien même dans Bonnie and Clyde, l’adrénaline retombe après l’apogée de la violence. Comme l’expression, « le calme après la tempête », le film montre que le plaisir est éphémère et que les actes restent inscrits sur les visages.
Nous pouvons aussi reprendre l’image d’une nouvelle jeunesse rebelle qui succède à James Dean et à La fureur de vivre. Les jeunes filles dont on ne connaît leur vie privée, n’ont pas l’air d’avoir de familles. Elles ne se soucient plus de rentrer et décident de rester en Floride. Elles cherchent auprès d’Alien, une nouvelle famille « idéale » où la vie serait un luxe. Peut-on considérer qu’elles sont en mal d’intégration comme le fut James Dean ? Difficile encore à prouver aujourd’hui, mais les envies et les exigences ont changées. Le rêve, devient un rêve de luxe et de consommation, probablement parce que la société se transforme en un monde qui pousse à cet extrême (technologie qui progresse au delà de nos moyens et des produits vite démodés). Là où la population ne peut plus se le permettre, elle provoque des déceptions et un nouveau cycle de marginalité.


lundi 6 mai 2013

Court métrage: C'est dans la boîte !

Idée court métrage


C'est dans la boîte ! d'Antoine Rameau



Intérieur-Soir-Bar

Homme assis à une table (vue de dos) du nom de J.Gonzo. Homme de la cinquantaine, portant costume chic, cheveux brun, probablement un peu costaud et pas très beau. On entend que sa voix rauque, on ne voit pas son visage. Seulement son corps vu de derrière. En face un homme, plutôt trentaine, air sérieux et imposant. Il reste silencieux et écoute. Grisonnant, et portant une légère veste en cuir beige-marron. Il sert d'intermédiaire. Nous ne connaissons pas son identité. On l'appellera Box.
Une photo d'une femme de 40 ans est montrée à Box. Gonzo l'a fait glisser sur la table. Sur la table, deux consommations. Musique d'ambiance...

Gonzo

-Elle, tu lui livre le colis. Derrière, c'est l'adresse de l'appartement où habite le type dont je t'ai parlé. Tu fais ce qu'il y a à faire. T'utilise les moyens et les méthodes que tu souhaites. L'important c'est de ne pas te faire voir avec. Autrement, notre contrat ne tiendra plus et le reste sera à tes frais. Le meilleur moment pour intercepter notre homme, c'est le matin dans les alentours de 6h. Tu prends la tête, puis tu dois t'arranger pour l'apporter à ma femme vers 16h, avant que sa journée se termine. C'est la tête de "l'amant" en question. Réfléchis à une astuce pour qu'elle trouve le colis sans qu'elle ne te croise.  Elle comprendra bien assez vite de quoi il s'agit. Moi, je m'occupe du reste. Quand je saurais à quel café elle se rendra, tu pourras trouver les détails du rendez vous, vers 15h, sur ce site internet.

Il montre le site inscrit derrière la photo

Box

-Je fais ce travail depuis des années. Il n'y a jamais eu de clients insatisfaits. La seule chose que je vous demande, c'est de ne pas transmettre mes coordonnées à n'importe qui.

Gonzo

-C'est bien normal.


Fondu enchaîné vers la deuxième scène.



Extérieur-Matin-Devant un appartement parisien

Box adossé à un bâtiment en face de l'appartement, fume une cigarette. Il fait encore très sombre, le jour se lève à peine. Box est comme une silhouette dans le noir dont on ne voit que la cigarette allumée. Un homme au loin se gare le long du trottoir de l'appartement. Box regarde l'homme taper son code. Il s'introduit dans l'appartement et Box le suit, un carton sous le bras. Il inscrit un code, donné par Gonzo. La caméra reste à l'extérieur et filme l'appartement de dehors. Une lumière derrière une fenêtre s'allume. Deux silhouettes passent devant les carreaux. Box semble éteindre la lumière deux minutes après qu'elle ai été allumée. Quelques minutes plus tard, Box sort, le carton toujours sous le bras et part.



Intérieur-Matin-Métro

Assis sur un siège, le carton est posé sur les genoux de Box. Il n'est pas fermé mais l'intérieur est recouvert d'un tissu rouge. Un enfant et sa maman, assis en face de lui, le regardent interrogés. L'enfant fixe Box silencieusement. Il semble intrigué par la boîte. Il interpelle sa mère.


Enfant

-Il a quoi le monsieur dans sa boîte ?


Le regard de Box s'abaisse vers l'enfant.
 
Maman

-Enzo, laisses le monsieur tranquille.

L'enfant ne parle plus mais continue de regarder Box. Box tend son doigt devant la bouche pour demander à l'enfant de rester calme.
 
Box
 
-Il fait dodo.

Box tend un petit sourire. L'enfant surpris et amusé pense comprendre que le contenu de la boîte renferme un animal endormi. Il fait un bruit d'étonnement et met sa bouche devant la main. La maman sourit. Enzo demande.
 
Enzo
 
-Je peux le voir ?

Maman
 
-Enzo, qu'est ce que je t'ai dit ?

L'enfant fait mine qu'il aurait bien voulu regarder dans la boîte. Box continu de sourire et regarde ailleurs pour ne pas tenter l'enfant.


 
Extérieur-Jour-dans la rue

Un liquide semble couler de la boîte en traversant le carton. Il pose la boîte sur un banc public vide. Un clochard avec son chien au loin, regarde Box, interpelle. Box regarde autour de lui et sort plusieurs mouchoirs d'un paquet. Il tapisse discrètement le fond de la boîte avec plusieurs mouchoirs. Il ouvre un autre paquet, puis nettoie le carton de l'extérieur. Le clochard, sentant quelque chose de louche, se lève dans l'espoir d'obtenir une pièce pour que Box se débarrasse de lui. Apercevant le clochard au loin, Box se dépêche de sortir d'autres mouchoirs et de nettoyer le banc. Le clochard regarde au passage les gouttes orange tombées par terre. 

Clochard
 
Excusez moi, vous n'auriez pas un petit quelque chose pour me dépanner ?

Box (ennuyé)
 
Non, désolé, je n'ai rien sur moi.

Le clochard insiste en se montrant inquisiteur.

Clochard
 
-Vous m'avez bien l'air embêté avec votre carton m'sieur.

Box
 
-Non c'est bon, c'est pas grand chose.

Clochard
 
-Vous devriez faire quelque chose, y'a une drôle d'odeur la dedans. Vous transportez quoi ? Une bête crevée ?

Box
 
-Oui, j'approvisionne les restos chinois du coin.

Le clochard reste planté sur place suite à cette remarque. Il s'éloigne et rejette de temps en temps quelques regards en arrière. Box s'éloigne dans la direction opposée.


 
Intérieur-Jour-Midi dans un restaurant chinois
 
Box est assis seul à une table pour deux. Il attend son plat et regarde quelques messages sur son portable. Les gens autour regardent Box ainsi que sa boîte. Les voisins de table se mettent à commérer. Certains étudiants venus manger en groupe font des mines dégoûtée. La boîte dégage une odeur nauséabonde. Box jette quelques coups d'oeil aux clients. Une serveuse lui apporte son bol contenant une soupe de nouilles. Elle constate les réactions des clients.

Serveuse
 
-Monsieur, votre paquet dégage une odeur qui dérange la clientèle.

Box
 
-Oui c'est vrai. C'est depuis pas longtemps. Je vais manger rapidement.

Serveuse
 
-Pouvez vous mettre votre boîte ailleurs s'il vous plaît ?

Box
 
-Non, ça c'est très important, je dois garder un oeil dessus. Mettez moi à une autre table sinon, où je pars sans payer.

Box est situé au fond du restaurant, mais l'odeur persiste. Il mange son plat avec peu de raffinement. Il termine sa soupe, puis lâche un billet de 10 euros sur la table et s'en va. En passant à côté des clients, certains tentent de pencher la tête pour regarder dans la boîte. Box les dévisage et ils se tournent à nouveau vers leur assiette. Box sort par la porte vitrée.


 
Intérieur-Jour-supérette
 
Box passe à travers les rayons, la boîte sous le bras. Il attrape plusieurs choses dont des sapins senteurs pour les voitures, ainsi que du coton. Il avance jusqu'à la caisse et la caissière, âgée d'une cinquantaine et l'air désagréable, fait une remarque à Box.

Caissière
 
-Vous auriez pu éviter d'amener ça dans le magasin. Dans votre voiture ça profite qu'à vous au moins.

Box
 
-Je suis à pieds.

Caissière
 
-Non mais franchement, ça pue partout maintenant. On assume comment si les clients s'en vont ?

Box
 
-On pourrait peut être remplacer la caissière par un mannequin ?

Caissière
 
-Je vous montre pas la sortie (elle appelle le vigile de la main).

Vigile
 
-Veuillez sortir monsieur

Box
 
-Vous n'auriez pas du vous déranger.

Vigile
 
-Normalement il est interdit d'entrer dans les magasins avec des paquets comme ça monsieur. Montrez moi ce qu'il y a dedans.

Box
 
-Je n'ai pas déclenché d'alarme. Ce qu'il y a la dedans c'est privé et ça me concerne. On n'a pas encore inventé les bombes qui sentent la merde. Mais si vous tenez, à ce que j'en renverse dans le magasin, c'est vous qui voyiez.

Vigile (ne sachant pas quoi faire)
 
-Dépêchez vous de sortir maintenant.


 
Extérieur-Jour-dans la rue
 
Box ouvre les sachets de senteurs et remplit son carton. Il enlève les mouchoirs tâchés et les jettes dans une poubelle à proximité. Un homme se promenant, passe à côté de Box et retient son chien qui lui aboie dessus. Une fois passés, Box tapisse le fond de coton.  

 

Extérieur-Jour-dans un cyber club
 
Box devant un écran d'ordinateur, fait une recherche internet. Il sort la photo et inscrit le nom du site. En quelques clics, il obtient le lieu du rendez vous.

 
Extérieur-Jour-devant la terrasse d'un café populaire parisien
 
Box entre dans le café et se dirige vers le comptoir. Un serveur le plateau à la main vient vers lui.

Serveur
 
-Monsieur, je peux faire quelque chose pour vous ?

Box sort la photo de la femme de Gonzo. 

Box
 
-Avez vous vu cette femme par hasard ?

Serveur
 
-Effectivement, elle est assise à une table sur la terrasse. Elle s'est absentée un instant pour aller aux toilettes. Elle va revenir, je vais bientôt lui apporter sa consommation.

Box
 
-Je peux vous demander un service ? (Box pose un billet de 10 euros sur son plateau) Pourriez vous lui donner ce colis, je vous prie ? Elle va savoir de quoi il s'agit.

Serveur
 
-Très bien. Mais il y a pas d'entour loupes au moins ?

Box
 
-Non, bien sur. C'est seulement que je dois partir au plus vite. Je suis coursier et j'ai une dernière livraison à faire rapidement. Tout est déjà signé. Par contre je vous demande juste de ne pas regarder le contenu, c'est confidentiel.

Serveur
 
-Entendu.
 

Box s'éclipse du café en traversant la terrasse. Il part vers le hors champ. Nous l'abandonnons de vue, pour nous concentrer sur la table de Madame Gonzo.
Celle-ci revient des toilettes et s'assoit à sa table. Elle sort son téléphone et appelle quelqu'un.
Le serveur vient avec le plateau et le carton. Il dépose la consommation de Mme Gonzo sur la table puis    
s'adresse à elle.

Serveur
 
-Quelqu'un tenait à vous transmettre un colis. Je le pose sur le siège d'à côté.

Mme Gonzo, l'air effrayé semble reconnaître la signification du tissu rouge posé sur le carton. Elle regarde autour d'elle paniquée. Elle pose le carton sur ses genoux et fait attention aux autres clients du café. Elle retire le tissu et semble comme étouffer son cri.
Elle se met à hurler.

Mme Gonzo
 
-C'est quoi ce putain de bordel ?

Une voix hors champ retentit (voix off, celle de M.Gonzo).

Gonzo
 
-De quoi parles tu ?

Mme Gonzo
 
-Il y a rien dans cette putain de boîte !

Gonzo
 
-On s'en fout de ce qu'il y a où pas dans cette boîte. La prise était bonne et ta réaction parfaite.


La caméra pannote de 180° degrés et dévoile l'équipe de tournage derrière avec J.Gonzo, le réalisateur assit sur son fauteuil. Box se tient à côté de lui agacé. On entend la voix de madame Gonzo en hors champ.

Voix off Mme Gonzo
 
-Il ne devait pas y avoir une fausse tête ou un élément de trucage ?

Gonzo
 
-Que dalle ! J'ai pas les moyens pour me payer une tête !

Voix off Mme Gonzo
 
-Ah ! mais passer pour une catin qui a pleins d'amants, ça n'a pas de prix par contre...
 

Gonzo fait signe à l'équipe de ranger le matériel. Le perche-man retire le micro et nous n'entendons plus Mme Gonzo. Elle passe à nouveau dans le champ de la caméra et se dispute avec Gonzo.
Changement de plan.
Le serveur qui regarde la dispute vers le hors champ, tourne son regard vers l'intérieur de la boîte, restée sur la table de la terrasse.
Un dernier plan montre le contenu entièrement vide (et propre).


Fin.
Irish Tony