L'Art est sur l'Image Cinématographique

Un Blog sur l'analyse filmique et la critique


mardi 7 octobre 2014

Analyse et Critique de MOMMY – De l’Amour dans un mot




Avec Mommy, le film de Xavier Dolan est une claque monumentale. Son cinquième film remporte le Prix du Jury lors du Festival de Cannes 2014. Souvent en compétition à « Un Certain Regard », son travail mérite toute notre attention. Phénomène ascensionnel du cinéma québécois, élevé au rang de jeune prodige, Xavier Dolan a réalisé son premier long métrage à l’âge de 20 ans et devient à 25 ans le plus talentueux de sa génération. Il n’est pas complètement inconnu du milieu. Il a joué auparavant dans des courts-métrages, tourné dans des publicités, son père était lui-même comédien chanteur. Bien que bercé par cet univers, il affirme n’avoir été influencé par aucun cinéaste et qu’il connait très peu ses classiques. Son inspiration vient plutôt des musiques de sa jeunesse (Céline Dion). 


La B.O participe avec le cadre et l’image à une orchestration des émotions. Il développe avec justesse les sentiments de ses personnages mais il expérimente à sa façon différents formats possibles. Le cinéma devient pour lui, comme pour Jean-Luc Godard, un laboratoire à exploiter. L’image 1 :1 est alors synonyme d’intimité mais aussi d’emprisonnement. Entre malaise et tendresse, la réception du spectateur est ambigüe. Il s’agit d’un regard « voyeuriste », un regard pour juger, un regard qui nous fait aussi culpabiliser. On va beaucoup plus loin que le film caricatural et « cultissimement » drôle d’Etienne Chatiliez La Vie est un Long Fleuve Tranquille. Le milieu populaire de Diane et Steve, sont parsemés d’habitudes et de défauts qui sont montrés avec humour mais surtout avec amour. Xavier Dolan transmet son amour pour ses personnages/acteurs, pour ses souvenirs, pour sa passion du cinéma. Il donne sa définition du mot espoir en ouvrant son format 1 :1 sur un Wonderwall (Oasis) à nous en donner des ailes. On s’émerveille, puis nous culpabilisons de nouveau quand le format 1 :1 s’impose. 


Le drame n’est pas seulement lié au déficit de Steve, mais surtout au sens du mot communication. Communication qui ne s’exprime pas toujours avec des mots. Un « code crypté » que seuls Diane et Steve peuvent échanger, l’amour d’une mère pour son fils, d’un fils pour sa mère. Le personnage de Kyla est un personnage en mal de communication, expliqué par son bégaiement. Elle va retrouver le goût de la vie en installant progressivement une thérapie d’entraide avec Steve. 


Coloré, rythmé, hyper cadré, Mommy est un oiseau qui veut sortir de sa cage, optimiste dans la conscience d’un monde parfois dur ou injuste. Il crie liberté, comme un marginal, comme un anarchiste et frappe dans le cœur du public. Ce même public des années 60-70 en exalte devant les personnages violents, dans le besoin de secouer le système, de bouger les choses.





Rameau Antoine