L'Art est sur l'Image Cinématographique

Un Blog sur l'analyse filmique et la critique


lundi 6 février 2012

Le Complexe du Castor

 
Film drame d'1h31 réalisé par Jodie Foster, avec Mel Gibson, Jodie Foster, Anton Yelchin, Riley Thomas Stewart et Jennifer Lawrence. Film sorti le 25 mai 2011.


Filmographie:

Le petit Homme (1991),
Week-end en famille (1996),
Le Complexe du Castor (2011)

Prochain film: Flora Plum (2013)


 

Premier point de vue:

 
Ce complexe est un cas existant, permettant au malade d'extérioriser le fond de ses pensées à travers une peluche (par exemple). Les médecins utilisent souvent la peluche comme moyen d'expression. Cet objet, ou cette méthode est souvent utilisée pour rompre différentes difficultés: mutisme, passé douloureux et autres. En général, nous utilisons une peluche à l'apparence animale, afin d'écarter le sujet des complexités humaines. Un retour à l'instinct est nécessaire pour passer outre les peurs et refouler un instant son identité. Dans certaines cultures, on peut appeler cela du Chamanisme, quand il s'agit de quitter son enveloppe charnelle pour prendre possession d'un objet et transmettre un message provenant du royaume des morts. C'est un peu restreint comme explication, je le conçois, mais après nous entrons dans un domaine scientifique qui n'est pas ma spécialité et un autre cas: le complexe du "je n'aurais pas assez d'un article pour tout vous dire".

Ceci est le premier film réalisé par Jodie Foster. Walter (Mel Gibson) père de famille, est atteint d'une dépression qui dure depuis des années et continue de devenir de plus en plus grave. Sa famille se sent obligée de se séparer de lui. Alors que Walter est à deux doigts de se suicider, il croit entendre une voix provenant de la marionnette qu'il a ramassée un peu plus tôt dans une poubelle. Même si nous voyons Walter parler pour la marionnette, celui-ci, croit en la présence du castor. Se servant de la thérapie comme prétexte, le Castor s'exprime à la place de Walter, jusqu'à imposer toutes ses directives. Le corps de Walter se fait progressivement balayer par l'esprit du castor. Bien que Walter puisse s'exprimer de cette manière, sa vraie personnalité est en jeu, et son corps semble à l'abandon.


Le film ne manque pas de sensibilité et le sujet est très bien traité. Le plus curieux est d'observer le jeu de l'acteur. Il faut voir comment réagit le corps de Walter quand le Castor parle, ou voir comment Le Castor bouge, quand Walter s'exprime. De temps en temps Walter semble vide et figé, et seule sa main fait bouger le Castor. Je ne sais pas si nous pouvons parler de schizophrénie, mais ce double jeu de l'acteur est très bien orchestré. Autre point touchant, est le message que Walter essaye de transmettre en parlant de son état dépressif (la scène où le Castor passe à l'antenne). Les gens ont quelque chose à apprendre de Walter, cependant il doit lui même se rendre compte de la difficulté à faire croire aux gens que le Castor est vivant. C'est le genre de film, où chacun a une leçon à tirer de l'autre. Cet aspect du film américain où tout le monde comprend à la fin ses erreurs, est toujours aussi caricatural par rapport à la réalité, mais bon c'est aussi un peu le rôle du cinéma.

Je pourrais à propos de caricature, critiquer le "jeu dépressif" un peu trop exagéré de Mel Gibson. Je dis cela en pensant à la scène où il tente de se suicider avec la barre du rideau de douche, puis qu'il fait une autre tentative en restant accroché à cette barre. La dépression n'est pas une blague en soi, pousser la folie et l'incohérence à son extrême n'est donc pas nécessaire. Nous présenter quelqu'un qui dort continuellement est bien suffisant dans la construction de l'être dépressif. Petit détail amusant, au moment où la fille et les autres diplômés font leur discours pour exprimer leur point de vue... je ne me souviens pas qu'on m'ai demandé mon avis à la fin d'un diplôme. Ils ont de la chance ces américains... . 



Le Castor vous remercie et espère que vous verrez son film. (A.R) 

Gainsbourg vie héroïque

 
Film Biopic et musical de 2h10 réalisé par Joann Sfar, avec Eric Elmosnino, Lucy Gordon et Laetitia Casta (plus apparition de Claude Chabrol). Film sorti le 20 janvier 2010.


Filmographie:

Gainsbourg vie héroïque
Le Chat du Rabbin (1er juin 2011)


 
Premier point de vue:


Quand est-ce qu'il va parler d'un film français celui là ? Ne vous inquiétez pas, je vais y venir. D'ailleurs le premier que je propose est celui-ci. Je n'ai pas pu voir le film au cinéma, mais je reçois tout de même une bonne claque en face de ma télévision. Une claque car mon enfance a été en partie bercé par ses compositions, et également une sacrée claque quand la phrase "un conte de Joann Sfar" prend tout son sens.

Pour ceux qui s'attendaient à un documentaire sur la vie de Serge Gainsbourg et sans aucune trace de fantaisie imaginée par le réalisateur, vous risquez d'êtres déçus. G. vie héroïque ne ment pas en déclarant être un conte, et j'en suis comblé car la magie du cinéma opère. Le film exploite de nombreuses astuces pour captiver le spectateur. L'idée du double sous forme de marionnette, le côté machiavélique qui est extériorisé, cette idée de parler avec soi-même n'est autre que l'expression débordante du génie. Faire des allusions aux musiques en les exprimant dans la réalité: remplacer la tête de Gainsbourg par un chou. Le film n'est pas qu'une vue de la réalité, il est une vue de l'esprit. Le personnage d'Eric Elmosnino ne demeure pas qu'une simple icône, Gainsbourg semble revivre.

Il est intéressant comme dans tous films Biopic, de revenir à l'enfance de l'artiste. Son vrai nom est, Lucien Gainsbourg, jeune garçon d'origine juive résidant en France au sein d'une famille assez stricte. Le père était pianiste, et tenait à faire de ses enfants, de meilleurs artistes que lui. Une famille qui part chance, échappa à la milice et aux déportations. On nous présente un garçon déjà très précoce, intrigué par la sexualité et plein de répartie. L'imagination de Lucien développe un univers dans lequel il puise son inspiration, dans lequel il se cache, se protège, un monde dans lequel il combat une forme de solitude. Nous gardons constante présence de ses origines par le biais de la caricature: long nez crochu, grandes oreilles décollées. L'humour est non seulement une marque du déroulement de l'histoire, mais avant tout, cela reste un humour glacial, provocateur, scandaleux, servant d'huile au caractère de l'artiste.

Je veux en venir à un point en particulier, les mains de la marionnette. Quand Gainsbourg est en pleine réflexion, il a cette manière de bouger ses doigts (même quand il fume) correspondant à une sorte de tic de concentration. Les doigts longs et pointus est une autre caricature chez l'individu juif exprimant cette façon de mettre le grappin sur quelque chose. Mais ce n'est pas l'aspect le plus marquant de ces fameuses mains. En voyant ceci j'ai tout de suite pensé au vampire "Nosferatu": col relevé, costumes noirs et blancs, voix ténébreuse, gesticulation des longs doigts pointus. Gainsbourg devient le vampire Nosferatu. Il travail surtout de nuit, de jour il est souvent dans des pièces dont la luminosité est atténuée par des rideaux. Puis il y a cette manière de vampiriser, consumer, manipuler. Quand il rencontre France Gall, il devient un personnage de ténèbres, face à un petit ange innocent. Gainsbourg est déjà quelqu'un d'assez pâle à la base, mais très vite, sa santé diminue à cause de la cigarette (des gitanes... quand même) et de l'alcool. Il devient de plus en plus pâle, fou et violent. Il forme une sorte de fusion avec son double lorsqu'il rencontre Jane Birkin. C'est à se demander si le côté diabolique de Gainsbourg le consume de l'intérieur. Le côté macabre est amplifié, lorsqu'il nous présente la momie de son atelier. Il devient l'ombre de lui même, cette ombre en rapport avec celle de Nosferatu, l'être intérieur qui détruit. Si nous prenons l'exemple de Dracula cette fois, on peut penser également au personnage démoniaque, comme brillant compositeur avec l'orgue. Sans aucun doute, Serge Gainsbourg devient cet homme des ténèbres, qui a besoin de porter des lunettes noires pour supporter la lumière des projecteurs. Machiavélique est le mot approprié pour décrire Serge Gainsbourg.

Je pardonne sans remords, cette utilisation du fantastique, très puissante dans la narration. Je félicite même cette idée très originale et malgré tout, véridique. Une seule chose me vient vraiment en tête: je plains ses conquêtes, il ne devait pas être un homme facile !


 
 

 
Un grand bravo à Joann Sfar, pour un genre Biopic que les français utilisent en général avec difficulté. (A.R)

vendredi 3 février 2012

Penser le cinéma en temps de crise

J'aimerais dans un premier temps vous recommander un livre:


Le milieu n'est plus un pont mais une faille écrit par Le Club des 13



Composition du Club: Cécile Vargaftig (scénariste), Jacques Audiard, Pascale Ferran, Claude Miller (réalisateurs), Denis Freyd, Arnaud Louvet, Patrick Sobelman, Edouard Weil (producteurs), Fabienne Vonier (distributrice), Stéphane Goudet, Claude-Eric Poiroux, Jean-Jacques Ruttner (exploitants) et François Yon (exportateur).





Éditions Stock et publié en 2008





Ils se réunissent pour essayer de comprendre les difficultés de chaque secteur de l'industrie du cinéma. Chacun apporte sa synthèse, en fonction du secteur qu'il côtoie.



Le livre se construit de la manière suivante: Qu'est ce qui ne va plus aujourd'hui ? Pourquoi ? Qu'est-ce que cela risque d'engendrer ? Comment y remédier ?

J'ai découvert cet ouvrage il y a plus d'un an et il sert de tremplin à la réflexion actuelle. Beaucoup voient le cinéma uniquement comme un art, mais en oublient l'impact culturel et économique. Un aspect économique que nous connaissons bien mal.

Ma manière de voir les choses sera en partie historique, théorique, personnelle (on peut ne pas être d'accord avec mes idées). Puis je vais essayer d'avoir une petite anticipation des choses. Si je vous conseil de jeter un petit coup d'oeil sur l'ouvrage cité précédemment, c'est pour indiquer que je ne sort pas mes informations de nulle part.













Je vais parler de la période la plus fructueuse du cinéma français:
 
La Nouvelle Vague des années 1960. Cette période a vu naître de nouveaux cinéastes comme: Truffaut, Godard, Chabrol, Rivette, Tati... et tellement pleins d'autres. Ils ont commencés leur carrière en tant que critiques dans les célèbres: Cahiers du Cinéma. Avant de faire des films, ils ont voulus en parler et indiquer ce qui n'allait pas dans le monde cinématographique. Ils ont aussi défendus l'idée que le cinéma était un art d'auteur et non une machine à adapter la littérature. Ils ont pointés du doigt tous les films des années 1930, où les scénaristes réécrivaient les romans pour les adapter au cinéma. La Nouvelle Vague voulait abandonner la réalisation en studio, pour tourner directement à l'extérieur. Ils ont voulus écrire leurs propres scénarios et filmer sans êtres dictés par quelconques restrictions. Les caméras 16mm étaient plus légères et permettaient aux cinéastes de se déplacer plus aisément.
Ces cinéastes étaient à la fois réalisateurs et scénaristes.

Il est souvent reconnu que c'est en période de prospérité, que les idées culturelles affluent. Les années 1960 ont appartenues à cette période de développement et de rebellions (mai 68).



Aujourd'hui nous basculons dans deux cadres: le retour en force de l'adaptation pure et dure, ainsi que dans le monde clos du cinéma d'auteur.

La mode actuelle est surtout de réadapter les bandes dessinées en films. Prenons par exemple cette vague de Marvel. Contrairement aux français, les américains ont toujours produits de nombreuses adaptations mais le problème en est autrement. Le marché américain balaye le cinéma français en perte de productivité intellectuelle. Nos cinémas sont remplis de films américains (1 film français, contre 5 films américains). Les séries qui passent à la télévision (parlons aussi des séries) ont éjectés les nombreuses soupes françaises comme Navarro, Julie Lescaut, Une femme d'honneur, PJ, Avocats et Associés... que des séries policières "légères" qui n'ont pas su se renouveler. Maintenant on a le droit à Dr House, Mentalist, Lost (qui fut le premier d'une longue liste), Prison Break, Nip Tuck... ainsi que des dizaines d'autres. Quand nous voulons acheter un succès américain, nous sommes obligés de payer pour un pack, c'est à dire le Blockbuster plus 9 autres films à faible succès. Quand nous voulons vendre un film français à l'étranger, nous devons également acheter plusieurs films américains médiocres. Tel est le marché capitaliste du cinéma (je ne fais pas là une critique du monde capitaliste, mais plutôt un constat). On ne peut nier la qualité du cinéma français, mais nous pouvons leur reprocher le manque de diversité. Elle s'est mal adaptée aux nouvelles modes et mentalités. Quand nous essayons d'égaler les américain en termes d'idée de film, nous produisons quelque chose de pire, car nous fabriquons des films en se servant d'une culture qui ne nous appartient pas. Mais rien n'est jamais perdu d'avance. Toute époque connaît sa phase de flottement.
L'histoire s'est construite sur un cycle répétitif: développement, crise, misère, guerre, reconstruction.

Quoiqu'il en soit, en temps de crise il faut penser le cinéma en termes de restriction de fonds. Les cinéastes ont toujours eut du mal à réunir l'argent nécessaire pour réaliser leurs films. Il faut peut être réfléchir à des astuces moins chères, de déplacements et mouvements de caméra. Peut être limiter l'utilisation des effets spéciaux, ou d'un montage complexe. Utiliser des acteurs moins connus qui ne demandent pas de gros cachets pour débuter. Toujours garder un ou deux acteurs (trices) réputés afin de jouer sur la qualité et l'impact commercial. Selon moi, il faut développer la qualité en se concentrant sur le travail scénaristique. Malheureusement le travail entre réalisateurs et scénaristes se fait rare, car le réalisateur est lui même scénariste. Nous avons du mal à faire confiance aux nouvelles générations. De plus les "anciens" essayent de faire face à la concurrence car ils doivent encore compléter leur fin de carrière. Dans l'immédiat, si vous n'êtes pas le fils ou la fille de Mr. ou de Mme, difficile de s'insérer, quand vous sortez de nulle part.

Il serait peut être intéressant également de revisiter le film de genre huis clos, qui revient à dépenser moins d'argent, car nous utilisons un même lieu ou site, cela évite de transporter le matériel trop loin ou de nombreuses fois. L'idée de vivre "ensemble" telle une famille, sur un même lieu n'est pas négligeable. C'est un moyen d'être au plus proche des autres, et de créer une collaboration plus intime et prospère.


 

 


(A.R)

L'art du quiproquo

 

Une comédie épouvante (film américain et canadien) d'1h28 réalisé par Eli Craig, avec Tyler Labine, Alan Tudyk et Katrina Bowden. Sorti en salles le 1er Février 2012 et déconseillé aux moins de 12 ans.


Filmographie:

Brothers and Sisters (2010)
Tucker and Dale (2010)


Il a été de nombreuses fois acteur, monteur ou scénariste: Deal of a Lifetime (1999), The rage Carrie 2 (1999), Space Cowboys (2000), Art Thief Musical! (2004), Fast Money (2006).

(Nomination au festival Sundance, Prix du meilleur premier film Fantasia, Prix du public SXSW, Meilleur film panorama SITGES)




Premier point de vue:



Tucker and Dale est typiquement le film de série B qui a su creuser sa tranchée jusque dans les salles de cinéma. Décidément, les films comiques américains adorent les personnages comme Dale ses derniers temps (Tyler Labine). On peut penser à Nick Frost (Shawn of the Dead) ou Zach Galifianakis (Very Bad Trip), l'archétype de l'homme corpulent, mal rasé, un peu bête, maladroit... .
Ceci dit, ça marche du tonnerre.

Tucker et Dale partent en vacances entre potes. Ils possèdent une maison perdue dans la foret près d'un lac dans laquelle ils vont mettre les pieds pour la première fois. En parallèle, un groupe d'étudiants partent faire du camping pendant quelques jours, non loin de la cabane de Tucker et Dale. Quel est le souci ? Quand les étudiants croisent nos deux acolytes ils s'imaginent tout de suite faire face à deux psychopathes. Pourquoi ? Parce ce sont deux bouseux pas très beaux. Parce qu'ils ont un regard vide. Parce qu'ils transportent jusqu'à leur cabane, une artillerie censé aider à rénover la maison (faux, tronçonneuse, broyeur, pied de biche...). Parce qu'ils portent des chemises à carreaux digne de l'accoutrement du bûcheron tueur. Malheureusement pour nos jeunes étudiants, malgré les apparences, nos deux compères en plus d'êtres honnêtes, ils sont simplets. Une nuit, Tucker et Dale pèchent tranquillement jusqu'au moment où le groupe de jeunes décident de faire un bain de minuit. L'une d'entre eux fait une mauvaise chute en glissant d'un rocher, puis en percute un autre. Tucker et Dale tentent de la sauver, ils repêchent le corps. A partir de là, les autres jeunes constatent la scène et collent automatiquement l'étiquette de psychopathe sur le front des deux bouseux. La suite du film est simple. Convaincus par un membre du groupe, les jeunes, en plus d'êtres effrayés, vont tenter de tuer Tucker et Dale.

Le film est tout simplement une vraie "poilade" car il y a un véritable basculement des codes du film d'horreur. Ne vous attendez pas à quelque chose comme Scary Movie ou Scream. Ici l'heure est au quiproquo. En essayant toutes les alternatives possibles pour en finir avec Tucker et Dale, les étudiants vont devenir les victimes de leurs propres pièges, mais chaque situation s'amuse à faire porter le chapeau à nos deux bouseux. La blonde "stupide" (toujours ce problème de préjugé) et le "black" sont loin d'êtres les premières victimes de l'histoire, l'un des étudiants va complètement devenir fou et découvrir une partie de son passé, la fille du lac va devenir amie avec T&D et se perdre au beau milieu de ce massacre entre les deux camps.

Si nous pouvons tirer une leçon de ce film que certains diront "stupide", c'est cette critique autour du jugement et des préjugés. Le film joue sur l'ironie la plus totale à partir de la phrase: l'habit ne fait pas le moine. Il traite de la confiance en soi et envers les autres. Même si la forme semble gore, le fond de l'histoire garde un sens et une bonne moralité (à aucun moment les deux personnages principaux tueront de leurs propres mains). Les litres de sang, ne sont là que pour répondre à cette exagération omniprésente.

Il est tout à fait compréhensible que ce genre de film ne soit pas aux goûts de tous. Il n'est pas non plus question du film de l'année. Cependant pour un film comique et gore américain, celui-ci est très intéressant. La mort des protagonistes est une chose, mais le plus intriguant est de voir comment les évènements s'enchaînent et impliquent Tucker et Dale malgré eux.


 


Comment bien démarrer le mois de Février ?  (A.R)

Un petit bijou hawaïen

 
Comédie dramatique d'1h50 réalisé par Alexander Payne, avec George Clooney, Shailene Woodley, Amara Miller et Hugh Foster. Sorti en salle le 25 janvier 2012.


Filmographie:
 
Citizen Ruth (1996),
L'Arriviste (1999),
Monsieur Schmidt (2002),
Sideways (2004),
The Descendants (2011).
 



Premier point de vue:

Le film The Descendants obtient cinq nominations aux Oscars dont celui du meilleur film et du meilleur acteur.

La femme de Matt King (George Clooney), tombe dans le coma suite à un accident de bateau. Matt King souvent peu présent pour sa famille, doit régler la vente des terres (propriété familiale d'une petite île tropicale) qu'il a obtenu par héritage, puis il essaye également de s'occuper et de se rapprocher de ses deux filles, Scottie 10 ans et Alexandra 17 ans. Les relations sont tendues, le père n'a aucune autorité sur ses filles qui se sont toujours senties livrées à elles même. Cependant Matt King cherche à regagner leur coeur, en les soutenants dans cette terrible épreuve. Il veut offrir de son temps, les emmener en voyage, mais chacun essaye avant tout de tirer une leçon de la vie et de reconstituer une forme de solidarité familiale.

The Descendants est un film qui sort de l'ordinaire pour plusieurs raisons. Déjà, l'histoire se passe sur l'archipel d'Hawaï nous livrant des décors tels que la plage, les palmiers, les paysages verdoyants et montagneux. Toute la tropicalité créée une ambiance de détente mais le film tient surtout à présenter l'envers du décor, dans l'esprit de l'étranger qui ne voit Hawaï que comme un lieu paradisiaque. Matt King traverse un drame qu'aucune île ne saurait calmer. On nous montre que la vie n'est pas si différente là bas qu'ailleurs. Si le film est bercé par quelque chose, ce n'est autre que par la culture qui forge Hawaï: musique typique, verdures, jolies maisons des quartiers aisés, chemises à fleurs. Le film est très comparable aux films japonais, dans lesquels la nature est un thème central de la réconciliation. Dans les films japonais, la mer ainsi que la nature sont symbole de maternité. Si nous oublions la violence des films de Kitano, nous retrouvons cet aspect de fusion avec l'environnement. Cette théorie autour du cinéma japonais est d'autant plus vraie, que Matt King possède des souvenirs qui ont étés bâti sur les terres dont il a hérité. Je suis à peut prêt sur que The Descendants conviendrait parfaitement aux populations asiatiques et à leur culture. Sans le besoin de provoquer de l'action à vous secouer le film n'importe comment, les dialogues sont cruciaux dans la mise en place des acteurs. Nous pourrions comparer le rythme de la narration à une douce vague et à ses va et vient, ses hauts et ses bas. Il est rare d'obtenir un film américain de cette qualité narrative et visuelle, concernant un thème comme celui-ci. On peut se douter pourquoi, The Descendants est sujet à cinq nominations. Les américains ont ouverts leur esprit à un univers qu'ils traitent très peu.


On peut en même temps voir The Descendants comme un film documentaire, dans sa manière de présenter l'archipel. On peut penser certes aux décors, mais également au voyage en avion qui nous présente le trajet sous forme de carte. Sans en dire d'avantage, je recommande ce film qui risque de partir très prochainement des salles.




Aloha à tous. (A.R)

jeudi 2 février 2012

Son pouvoir, un gros portefeuille

Batman, the Dark Knight Rises


 
Je me sentais obligé de faire un petit clin d'oeil au futur Batman clôturant la trilogie de Christopher Nolan.
En attendant que le film sorte le 25 juillet 2012, on nous bombarde d'affiches alléchantes, de rumeurs, de trailers (bandes annonces). Nous savons également que les 6 premières minutes ont étés dévoilées.
Les acteurs s'amusent à révéler mystérieusement leur rôle dans le prochain film.
Que du suspense pour répondre à l'incroyable torture du DC comics fan: la patience.
Cependant cet ensemble d'indices, risque de spoiler (révéler) considérablement le public.
Ce besoin de "savoir", avant que les choses n'aient lieu. Après tout, si nous recollons les morceaux et que nous connaissons les Batman de Bob Kane, il sera presque possible de déterminer le déroulement de l'intrigue.
 



Filmographie:
 
Le Suiveur (1998),
Memento (2000),
Insomnia (2002),
Batman Begins (2005),
Le Prestige (2006),
The Dark Knight (2008),
Inception (2010),
The Dark Knight Rises (2012)

On peut dans tous les cas féliciter le réalisateur pour le choix du casting:

-Christian Bale: Batman
-Anne Hathaway: Catwoman
-Gary Oldman: Commissaire Gordon
-Tom Hardy: Bane
-Marion Cotillard: Talia al Ghul
-Liam Neeson: Ra's al Ghul

Nous sommes bien loin du Batman et Robin de Joel Schumacher (1997) avec Arnold Schwarzenegger, Uma Thurman, George Clooney...
Dans les derniers Batman, tout est réfléchit et de réelle qualité. Chaque acteur correspond physiquement au personnage fictif, et son jeu dramatique cherche au plus profond de son être.
Chez Tim Burton le décor était très sombre et irréel pour conserver l'esprit noir de la bande dessinée et ce jusqu'aux frontières de Gotham City. Mais chez Nolan, sa puissance est de créer ce monde possible, où la noirceur émanerait plus de l'âme de ses protagonistes. Comme dirait un ami: Tim Burton est un film noir dans la forme et Nolan un film noir dans le fond.
Il n'y a pas à dire, Christophe Nolan a touché dans le mille de ce que devrait être Batman, et il nous a conquis à travers Heath Ledger et son interprétation du Joker (paix à son âme).

 (A.R)


 

mercredi 1 février 2012

La dernière scène d'Inception

Comment expliquer que Cobb reste enfermé dans le rêve ?




 
Analyse du film: lorsque Cobb rentre chez lui [2h 14min 02s - 2h 15min]
(Scène de une minute)


-Cobb entre et lance la toupie avant de voir les enfants. [2h 14min 15s]

-Ensuite nous retrouvons les enfants exactement au même endroit que dans les rêves de Cobb. Ils triturent toujours la terre et les vers. J'espère pour les enfants qu'ils n'ont pas pour unique raison de vivre, cette parcelle de terrain. [2h 14min 22s]

-La distance de visibilité entre les enfants dans le jardin et Cobb dans la maison n'est pas rationnelle. De plus en une fraction de seconde, les enfants se jettent dans les bras de leur père. Nous perdons cette logique de déplacement spatio temporel.

-Retour à la toupie [2h 14min 45s]

-Premiers vacillements [2h 15min] Fin de la scène.


Cette scène dure une minute environ. Il est possible qu'une toupie puisse tourner autour d'une minute. Mais dans un cadre narratif (le temps au sein d'une histoire) le temps n'a pas la même valeur, que le temps réel.
Il faudrait probablement plutôt 5 minutes à Cobb, le temps de lancer la toupie, voir les enfants, se réjouir, et cadrer sur la toupie pour terminer. Hors une toupie ne tourne pas 5 minutes, sauf si il y a éventuellement un trucage magnétique derrière tout ça. Les premiers vacillements sont là pour laisser ce fameux suspense de fin.

Raisonnons maintenant par l'absurde: Comme on le dit si bien, une phrase qui se conçoit bien, s'énonce clairement. C'est la même chose avec la fin d'un film. Si il y avait une réelle envie de finir Inception et de n'en faire qu'un film, la fin aurait du être plus clair aux yeux de tous. Une fin comme celle-ci, implique la forte probabilité d'une suite. Pour laisser supposer à une suite, il faut en conclure que tous les problèmes n'ont pas étés résolus.

Si par hasard le film était vraiment résolu vers la fin... autant dire que le dénouement est mauvais car il embrouillerait les esprits plus qu'autre chose. Une mauvaise fin qui dirait: et vous ? êtes vous sur que votre monde n'est pas un rêve ?

N'oublions pas un détail: la toupie appartient à Mel, la femme de Cobb. Cobb la fait régulièrement tourner pour être sur qu'il n'est pas enfermé dans un rêve, et il ne relâche pas l'attention sur cette toupie. La fin du film, est le seul moment où il relâche l'attention. Cette fin, où nous doutons de la rotation de cette toupie.

Supposition: Cobb, n'est-il pas cette fois, prisonnier de l'esprit de Mel ? Oui la question parait étrange vis à vis de tout le film.

Que veut dire l'expression tourner comme une toupie ? (ou être une vraie toupie): cela signifie simplement, toujours changer de direction (de choix ou d'avis). Utilisé pour dire de quelqu'un, qu'il change sans cesse d'opinion pour s'accorder aux gens présents et à la situation.



 


Ceci est mon point de vue, et je serais ouvert à vos possibles oppositions. (A.R)

lundi 30 janvier 2012

Film de série B: The Violent Kind des Butcher brothers

 
Quel est cet ovni qui vient de débarquer dans nos rayons DVD ?

Vous saurez tout, mais avant de parler du film, je tiens à faire un bref rappel sur la signification du film dit de "série B" !


Série B:
 
C'est un terme qui s'est développé pendant l'âge d'or du cinéma Hollywoodien et particulièrement autour de l'année 1930. Durant les années 20 le cinéma de série B existait en soit mais n'était pas encore classé comme tel. Dans le monde du film et non du cinéma il y avait deux catégories: Les films à gros budget (grand réalisateur, grands moyens, grosse maison de production) qui avaient le droit à leur place dans les salles de cinéma et de l'autre côté nous avons tous ces films à petit budget qui ne pouvaient êtres diffusés en salles. Puisque les moyens sont restreints, cela explique plusieurs choses: le fait que les acteurs ne soient pas forcement connus ou bons, un montage des plans qui paraissent coupés et rapides (ceci créant ce qu'on appelle, des "faux raccords" > par exemple lorsque vous avez un plan sur un personnage au bout d'une rue et que d'un coup vous gardez le même plan mais  le personnage semble s'être "téléporté" à l'autre bout de la rue, ceci est un moyen de gagner du temps sur la longueur du film en évitant de montrer le personnage marcher d'un bout à l'autre), les effets spéciaux sont limités et font parfois appel à d'anciennes méthodes, la qualité de l'image est beaucoup plus vieille et abîmée car les réalisateurs utilisent un matériel moins cher. Le genre "série B" nous a offert de tout, aussi bien des "nanards", que des films basés sur des scénarios originaux voire brillants. Les films B étaient souvent diffusés par deux, le soir, dans ce que l'on appelle les Drive-in (les grands parkings américains possédant un écran géant).





Cinématographiquement parlant, Quentin Tarantino et Robert Rodriguez ont voulus reproduire cette mode (ou méthode) qui les influence énormément, avec le Grindhouse (Boulevard de la mort et Planet Terror).Il faut retenir qu'avant d'être utilisé et déformé à des fins artistiques, le genre films de série B" traduisaient une question de moyens. N'ayant pas leur place dans les cinémas, beaucoup de festivals se sont mis en place (Gerardmer ou Sundance) pour récompenser les meilleurs films B, puis permettre aux réalisateurs et à ce genre de se développer. La télévision est le moyen aujourd'hui de faire de la pub autour des sorties DVD de ces films.Parfois il vaut mieux un très bon film B, plutôt qu'un banal Blockbuster (films à gros budget qui vise un public large et compte sur l'aspect marketing pour attirer du monde). Au fil du temps, la frontière entre le film à moyens et le film B a commencé à disparaître avec l'apparition du film noir dans les années 1950. La figure emblématique moderne qui a su exploiter le film de genre B avec le film Blockbuster, n'est autre que Quentin Tarantino, symbole pop du cinéma.
 


The Violent Kind est un film réalisé en 2010 par les frères Butcher (Mitchell Altieri et Phil Flores). Ils ont tournés trois films:
 
The Hamiltons (2006),
April Fool's Day (2008)
The Violent Kind.
 
Leur prochain film (2010) sera Black Sunset. Leur premier film a été vainqueur au Festival International du film de Santa Barbara et de Malibu. Ils ont pour influence: Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse), David Lynch et David Cronenberg.



Il s'agit d'un film d'horreur déconseillé aux moins de 16 ans. Nous avons affaire à une bande de Bikers, un gang de motards pour être plus exact, qui décident de fêter les 50 ans de la mère du personnage principal, Cody. Ils font cette fête dans une ancienne maison familiale ayant servi de planque par le passé. Une fois la fête terminé, il ne reste plus que quelques membres dont Cody. Les choses se compliquent quand apparaît une bande adepte du Rockabilly aux pratiques démoniaques.
Le film s'amuse à vous faire croire à une simple extension de "l'Exorciste", alors qu'il sera plutôt question de la rencontre du troisième type. A vous de voir pour la suite.



Notez la ressemblance avec un Benoit Poelvoorde qui serait plus jeune et d'un Joaquin Phoenix sorti de Walk the Line.


Quoiqu'il en soit, The Violent Kind (La manière violente) vous trompera et vous surprendra agréablement (ou pas). Nous retrouvons dans ce film, de nombreux thèmes beaucoup exploités (la série Sons of Anarchy, l'Exorciste...) mais ce qui plaît c'est ce farfelu mélange entre la musique et le style des personnages. Nous avons le côté Rockabilly pour ses couleurs rouges et noirs (les vêtements), et nous avons l'aspect démoniaque avec le sang, la nuit, les forces obscures. C'est un film à multi-thèmes, multi-facettes qui tourne comme un disque 33 tours rayé et sanguinolent. S'arrêter à la violence du film, n'est pas comprendre le film et cette fameuse violence. C'est un tout qui s'accorde: le rock est violent, les Bikers sont violents, les Teddy boys le sont, le rouge et le noir en forme le contraste. L'attitude du film est donné dans le générique, par cette violence poignante qui semble soudaine et gratuite. Lorsque les Teddy boys (le gang Rockabilly) débarque, il s'agit d'une violence doublement surprenante qui devient imperceptible aux yeux de nos protagonistes à la nature déjà sauvage. Le film B apparaît dans son esthétisme à travers le genre pop qui utilise un thème musical populaire, un scénario d'horreur aux bases classiques, le décor, les vêtements qui respectent cet univers. Puis nous gardons ce côté B commercial car le film reste à petit budget, les acteurs ne sont pas connus... et surtout, ce petit malheureux n'aura pas le droit à sa place dans les salles de cinéma.


 


The Violent Kind sera votre expérience B du moment ! (A.R)







dimanche 29 janvier 2012

Remake: True Grit



Dans ma sélection DVD de ce week end je vous recommande celui ci dessus: True Grit réalisé par Joel et Ethan Coen, sortie tout public le 23 février 2011.

Filmographie:
 
 
Sang pour sang,
Arizona Junior,
Miller's Crossing,
Barton Fink (Palme d'or de 1991 et prix de la mise en scène à Cannes),
Le grand saut, Fargo (prix de la mise en scène en 1996 à Cannes et Oscar du meilleur scénario original en 1997),
The Big Lebowski,
O'Brother,
The Barber: l'homme qui n'était pas là (prix de la mise en scène en 2001 à Cannes), Intolérable Cruauté,
Ladykillers,
Paris je t'aime,
No Country for Old Men (Oscar 2008 du meilleur film de l'année, meilleurs réalisateurs et meilleur scénario),
Chacun son cinéma, 
Burn After Reading,
A Serious Man 
True Grit.
 
 
Prochaine sortie: Inside Llewyn Davis un genre Biopic et comédie musicale (sortie indéterminée) avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Garrett Hedlund. Quelques mots: Le Village new-yorkais à travers le parcours de l'une de ses figures emblématiques, le musicien folk Dave von Ronk.
 

True Grit est le remake d'un autre film américain de 1969 (la sortie au cinéma fut le 18 février 1970) connu sous le nom de "100 dollars pour un shérif" (True Grit) réalisé par Henry Hathaway,avec John Wayne, Glen Campbell et Kim Darby.

 
Les deux versions respectent le même schéma:
Une jeune fille de 14 ans, Mattie Ross (Hailee Steinfeld) veut venger la mort de son père en capturant le hors la loi Tom Chaney (Josh Brolin). Celle-ci demande l'aide d'un Marshal appellé Rooster Cogburn (Jeff Bridges) réputé comme étant le plus dangereux de la région. Un Ranger du Texas, Laboeuf (Matt Damon) qui a pour ordre de conduire Chaney en justice, va se joindre à l'équipe. A eux trois ils vont arrêter Chaney, ainsi que la bande de Pepper.


Nous retrouvons toute la dimension lyrique que les frères Coen aiment tant.
De la même manière que A Serious Man, O'Brother ou The Big Lebowski, les deux réalisateurs racontent l'histoire tel un conte avec cette voix off qui dirait: "il était une fois...". Ils redonnent au western cette image de légende à travers des personnages qui n'ont finalement que des histoires ou des expériences à raconter. C'est ce que veulent rappeler les frères Coen: les légendes sont avant tout des histoires qui se transmettent.
Les personnages de Jeff Bridges et de Matt Damon passent leur temps à marcher, parler de leur passé. Mais contrairement à l'image de l'homme fort qu'était Clint Eastwood dans les films de Sergio Leone, les personnages sont tantôt feignants, tantôt maladroits. Parfois braves, parfois défaitistes. Les héros des frères Coen ont toujours étés humainement vrais. Le Marshal est un ivrogne, le Ranger se conduit en parfait imbécile. La seule réellement mature (voire trop) est le personnage de Mattie Ross qui ne manque pas de sincérité et de dire le fond de ses pensées. Difficile de duper cette jeune fille qui semble connaître les lois par coeur et le monde capitaliste dans lequel elle vit. Car effectivement dans True Grit il est question de deux choses: l'argent et les morts (comme tous les westerns). Un monde où le crime ne paix pas, ou pas indéfiniment. Un monde où même les morts ont un prix. Parfois Mattie laisse jaillir son esprit innocent d'enfant de 14 ans, qui ne manque pas d'attendrir le Marshal et le Ranger. Ils admirent sa détermination, son courage et sa sincérité. Image de garçon manqué, Mattie Ross va tout de même redonner une raison d'être, à ses deux vieux amis.
Un film touchant, plein d'humour et de petites subtilités à la façon "Coen". Mais aussi, un excellent western comme il se fait rare de nos jours (si ce n'est Appaloosa) avec toujours le rituel du duel final.





Amoureux du western, vous serez servis. (A.R)

Analyse d'American Psycho de Mary Harron


Le Personnage de Patrick Bateman





Description de l'émergence d'un personnage psychotique


Premières révélations: maniaqueries [Générique - 07min 15s]

Comment transformer la gastronomie en acte meurtrier ? Le meurtre ici est un art qui demande un certain sens du détail. Le blanc, omniprésent dans le film, permet de faire ressortir les couleurs, puis exprime à la fois la pureté et l'harmonie. Le rouge et le blanc sont en conflits, car le rouge représente la passion ainsi que la mort. Nous aurons la réccurente opposition entre le noir et le blanc soulignant toutes formes de dualités dans le récit.

Notre héros, Patrick Bateman (Christian Bale) semble être dans l'immédiat quelqu'un faisant preuve d'un certain contrôle. Le double jeu de Christian Bale éclate au grand jour lorsqu'il devient violent dans la boîte de nuit. Nous voyons en partie l'image de l'acteur dans un miroir. Symboliquement le miroir a son importance, car elle exprime le double, et entre autre la double personnalité de l'acteur. Puisque nous voyons Patrick Bateman qu'à travers le miroir, c'est à se demander si il s'agit dans un premier temps de la vision de son esprit.

Quand nous entrons dans son appartement, on note la présence du blanc qui domine. En s'accordant avec le blanc, le corps du personnage ne manque pas de faire penser aux statues grecques comme si il s'agissait d'art. Le corps devient art dans le décor. Patrick Bateman dévoile peu à peu ses rituels et l'attention qu'il porte à la minutie de ses gestes. Cela en fait indéniablement un personnage "maniaque".  Le dernier plan de la séquence, est cadré sur le reflet de Bateman. Nous le voyons enlever délicatement la fine couche de peau qui s'est formé après application des produits (photo 1). Indiscutablement la double peau révèle cette personnalité intérieure et laisse émerger le "deuxième Patrick". On peut penser au reptile qui change de peau, cet animal au sang froid, c'est à dire sans émotions. Cet aspect froid peut être associé à la présence du blanc ou alors au masque de glace qu'il porte sur les yeux pour lui permettre "d'émerger, de faire surface" (photo 2).




Sexe et Pulsions [16min 50s - 19min 41s]


Nous avons une discussion autour du Dorcia qui est le lieu le plus élevé de la bourgeoisie. Durant tout le film, nous constatons qu'à aucun moment Patrick Bateman n'arrive à réserver une place dans ce lieu, ce qui provoque un insupportable sentiment d'échec chez le personnage. Indéniablement il a ce besoin constant de surpasser les autres. Le personnage de Paul Allen (Jared Leto) est l'archétype parfait, qui a pour malheur de provoquer une totale irritation chez Patrick.

Vient le moment où les quatre collègues présentent leur carte professionnelle (photo 3). Nous décelons la connotation sexuelle avec ces hommes qui cherchent à savoir qui possède la plus grosse. Un autre point amusant, est cette manière qu'ils ont de dégainer leur carte comme si il s'agissait d'une arme. Nous sommes dans un duel de prestige. Quand Patrick Bateman présente sa carte, celle-ci s'accorde avec le cadre de la caméra ainsi qu'avec le bois de la table comme si il s'agissait d'une véritable oeuvre d'art alors que ceci reste un objet insignifiant. Ensuite nous avons la deuxième carte qui surpasse celle de Patrick. Il y a donc une colère qui commence à naître. La troisième carte surpasse la deuxième laissant Patrick encore plus loin derrière. Puis la dernière et parfaite carte est celle de Paul Allen, qui est perçu comme un coup de poignard dans la fierté de Patrick. Nous obtenons par la suite la séquence la plus populaire du film, lorsque Patrick tue Allen à la hache.



Paranoïa et psychotique [37min 50s - 44min 50s]



Quand nous avons le plan large sur Patrick et la prostituée dans le bain, on peut associer la scène à un rite cannibale. La prostituée serait dans un chaudron et Patrick y ajouterait des ingrédients (produits de bain, le vin blanc). Il lui donne des ordres comme à un animal que l'on veut dresser. Autre détail: comme l'animal, la prostituée ne parle pas.


La deuxième femme semble tout de suite beaucoup plus luxueuse (manteau, robe, beauté). Elles apparaissent comme des animaux de compagnie. Il impose d'une certaine manière sa supériorité en profitant du fait qu'elles ne soient que des prostituées. Il donne deux ou trois informations sur la carrière de Phil Collins: le moment où l'artiste est devenu le meneur du groupe. Cette allusion est mise en parallèle avec sa propre vie, une vie dans laquelle il aimerait mener et dominer les autres. Mais la seule chose qu'il arrive à contrôler sont ces deux femmes.

Nous avons une "triangularité" entre les deux femmes sur le canapé qui forment la base du triangle et Bateman dans la chambre, qui est  au sommet de cette triangularité. Après les statues grecques, nous retrouvons la hiérarchie pyramidale. Patrick agit comme si il était un dieu. Les femmes sont en parfaite symétrie pour donner le sentiment à Patrick d'en être le point convergeant, ou le centre du monde. En parlant de Phil Collins, il défend la perfection de Genesis et surtout de la carrière solo du chanteur. Patrick s'identifie à Phil Collins, c'est à dire un artiste.

Nous avons une prostituée en dessous blancs et l'autre en dessous noirs. Il y a toujours ce contraste blanc et noir. Patrick porte un ensemble noir avec une chemise blanche. Un costume symboliquement mortuaire et montrant encore une fois cette dualité de la double personnalité. Nous avons le miroir dans la chambre révélant le visage fou de Patrick. Il se félicite lui même par des petits signes et s'admire (photo 4).

American Psycho est un film extrêmement misogyne et un monde homosocial. Quand il se réveil, c'est pour devenir le psychopathe enfoui qu'il est. Il présente un arsenal d'objets coupants, pinçant, piquants, dignes d'un bourreau. Chez le psychopathe, l'arme prend la place du sexe pour transmettre le plaisir. Il sort du meuble, un cintre qui est l'objet censé porter le costume. Patrick décide à ce moment de porter son double.
 



Conclusion:
 

Le personnage est torturé entre son impression d'infériorité et son besoin de domination.
Il est frappé de frustrations régulières qui le poussent à éclater violemment et de manière inattendue. Il passe de l'homme extrêmement névrosé à l'homme psychotique.
Il en est tel que son plaisir ne passe plus forcement par le sexe, mais par l'acte criminel. L'objet remplace le sexe et devient son moyen d'expression. Refusant d'admettre son état instable et meurtrier, le psychotique se considère comme étant un artiste incompris.



Le message du film n'est pas forcement de montrer Patrick Bateman comme un individu raté. il s'agit plutôt de révéler les incohérences du système dans lequel il se situe. (A.R)