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lundi 25 février 2013

Le film Historique selon Quentin Tarantino

Un trio historique ?
 


Les dernières rumeurs, seraient que Quentin Tarantino compte ranger Inglorious Basterds et Django Unchained dans une future trilogie historique. Commercialement parlant, nous devrions plutôt parler d’un coffret concernant des époques passées. Mais en aucun cas, nous ne pouvons classer ces deux premiers films dans une trilogie logique, comme j’ai pu le faire avec celle des gangsters. Même si nous avons affaire à du Tarantino, Inglorious Basterds et Django Unchained n’ont rien en commun, si ce n’est ce cycle de la vengeance, utilisée dans tous les films du cinéaste. Quel serait dans ce cas le prochain film « historique » ? Quelle époque ou quel sujet serait en corrélation avec son univers ? Le réalisateur aurait mentionné, l’envie de revenir sur le film de gangsters. Vise-t-il les années 1950 ? Tarantino a également écarté l’idée d’un troisième volet à Kill Bill. Pourquoi en faire un troisième puisque Bill est mort dans le volume 2. Le faire revenir ? Nous n’espérons un coup commercial au point de créer une telle absurdité. Une préquelle ? Ceci n’apporterait rien de plus aux volumes existants. Quentin Tarantino, a tenu à nous offrir un thème différent à chaque film. Pour l’instant le mystère reste éternel, et il se plait à nous laisser de fausses pistes.

La prouesse d’Inglorious Basterds, réside dans l’incroyable prestation de l’acteur Christophe Waltz, dans le rôle du colonel nazie Hans Landa. Jusqu’à ce rôle, l’acteur trilingue (allemand, français, anglais) était inconnu dans les hautes sphères cinématographiques. Résultat: un choc sans précédent. Il n’est pas question d’admirer le personnage fictif, mais le pouvoir dramatique que lui confère l’acteur. Jamais dans un Tarantino, un personnage n’aura autant insufflé la terreur. Le spectateur ressent l’angoisse et la peur. Pour la première fois, un film sur la Seconde Guerre Mondiale, ne nous a à ce point, placé aux côtés des juifs persécutés. La première séquence du film restera un passage culte du cinéma. Chaque spectateur dans son siège de cinéma, à eu ce sentiment d’être interrogé et recherché. Christophe Waltz, réveil chez vous une culpabilité bien trop louche pour que vous lui cachiez un secret. Il vous arrache les mots, avec une aisance déconcertante. « L’inévitable » Tarantinien, revient à la charge, et chacun d’entre nous sait au plus profond, qu’il n’y a pas d’issue. Hans Landa est plein de cynisme. Il s’invite à nous, comme un homme courtois et de bonne éducation, plein d’humour et de délicats compliments. Jusqu’à ce qu’il laisse tomber le sourire, pour vous dire exactement ce que vous essayez de lui cacher. Le spectateur éprouve de la pitié pour le fermier de la première séquence. Il éprouve du remord pour les juifs cachés sous le plancher de la maison, qui ne comprennent pas la langue anglaise. L’expérience cruelle du spectateur est certainement de posséder un point de vue objectif sur la situation et de savoir que cette partie de l’Histoire de l’Humanité, a bien existée. En mon sens, Inglorious Basterds est certainement le film le plus violent de la filmographie du réalisateur. Cette violence ne tient pas dans la quantité de sang comme un Kill Bill ou un Django Unchained, cette violence est psychologique. Quentin Tarantino a su représenter à travers Hans Landa, toute l’inhumanité nazie.

Inglorious Basterds est considéré également, pour la plupart, comme un film scandaleux, parce que le réalisateur déforme totalement le déroulement historique. Comme avec Django Unchained, le film repose plus sur son genre que sur son contexte. Il réutilise, cette époque et la puissance nazie, comme source du Mal. Il ne faut pas prendre Inglorious Basterds au premier degré et garder en mémoire qu’un film, ne se déroule qu’aux dépends de son réalisateur. Quentin Tarantino, voulait sans doute, une situation où les hommes d’origine juive, puissent répondre violemment aux actes nazis. Cela a pour réponse, un chancelier troué, au point de disparaitre physiquement de l’écran. Quentin Tarantino rend possible une vengeance et ce n’est pas le spectateur qui se sentira capable de blâmer les hommes d’Aldo l’Apache.  Mais prenons du recule. Les hommes d’Aldo (Brad Pitt) répondent à la cruauté nazie par une autre cruauté aussi violente. Ces hommes, sont comparés à des indigènes, qui scalpent leurs ennemis pour créer un sentiment de malaise. Ils racontent des légendes sur eux, pour impressionner l’ennemi. D’où vient cette comparaison aux Indiens d’Amérique alors que nous sommes en France ? Les Indiens furent persécutés par les colons. Hitler traitait les juifs, comme des animaux, et en utilisant la sauvagerie d’Aldo, Tarantino instaure un territoire de bêtes et de prédateurs. Qui est la bête ? Il n’y a aucune barbarie qui ne vaut l’autre. Mais en temps de guerre, chaque camp en appelle à son instinct meurtrier. Il s’agit finalement d’une compétition, sur celui qui effrayera le plus l’autre. La scène de l’exécution à la batte de base-ball, est l’une des plus dures du film. Un plan montre le visage et les yeux apeurés du nazi. Comme si il était question d’un point de vue subjectif, le spectateur a le sentiment de tenir lui-même la batte et de la poser sur l’épaule de l’homme. Par ce plan, le réalisateur donne les armes au spectateur et lui propose d’exécuter lui-même le nazi. Inglorious Basterds n’a aucune humanité, hormis peut être le personnage de Shosanna, jusqu’à ce qu’elle réponde elle aussi par la violence. Le film ne se voit certainement pas offrir le prix Nobel de la Paix, et risque des confusions et des mauvaises interprétations dans les esprits de ceux qui s’en tiennent au premier degré de la fiction. Nous vivons à une époque où plus grand-chose ne rencontre de censures. Probablement que quelques années auparavant, Inglorious Basterds aurait crée un scandale mondial.

Inglorious Basterds demande un certain recule. Sa qualité s’appui avant tout sur le jeu des acteurs. La touche d’humour du film apporte toujours une dédramatisation de la violence. Quentin Tarantino prend le parti du: on peut parler de tout. On pourrait classer le film à la fois dans les plus choquants de la filmographie, mais également dans les plus réussis. Inglorious Basterds nous conduit sur la frontière entre les conflits où nous assistons à des tueries ne laissant plus rien derrière. Le coup de maître a été d’avoir épargné la vie d’Hans Landa… ou presque.

 
 

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Je vous prie de bien prêter attention dans un premier temps à cette critique:

    http://odieuxconnard.wordpress.com/2009/09/15/tarantino-fait-du-lui-meme/


    Voici mon avis personnel:

    j'ai envie de dire a ce Mr.connard que si Tarantino gagne des prix pour ses scenarios ce n'est pas parce que les Césars ou les Oscars ont décidés de lui faire plaisir.

    Il tient un discours masturbé et ne fait que de nous dire ce qu'on sait
    Bravo, pour avoir compris que le film manquait de cohérence, sachant que Hitler ne meurt pas ainsi
    je crois justement qu'il exploite les possibilités du cinéma en se permettant de déformer l'H istoire, puis quand on mélange violence et burelesque il y a forcement des réactions à la con chez les personnages.
    inglorious est plus une performance d'acteurs, qu'une recherche crédible de la narration
    mais ce qui a finalement pour effet de donner son charme
    je ne contredirais pas... les films de gangsters restent les oeuvres maitres de tarantino.

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