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lundi 25 février 2013

Rétrospective des films de gangsters de Quentin Tarantino

L’arc des films de gangsters
 


Je me permet de ranger Reservoir Dogs, Pulp Fiction et Jackie Brown, en une trilogie, pour deux raisons: dans un premier temps, nous avons affaire à des films de gangsters. Bien que Jackie Brown se détache du lot. Puis dans un dernier temps parce que ces trois films, témoignent de l’une des plus grandes réussites du cinéaste, c'est-à-dire, le découpage narratif.
 
Quentin Tarantino, estimait que le déroulement d’un film pouvait être structuré comme un livre. Composé de chapitres où l’on alternerait entre les personnages clefs du film, tout en gardant le meilleur pour la fin (ou tout simplement la réponse cruciale de l’intrigue). L’idée (par exemple) est de commencer par la fin, de se demander comment cela a-t-il pu se produire, puis de revenir au début.
 
Il ne se contente pas d’un déroulement linéaire avec un début, un milieu et une fin. Il préfère partir de la fin, reprendre dès le début, pour nous conduire à ce fameux « milieu de film » où tous les protagonistes finissent par s’entrechoquer. Pour la première fois dans le cinéma Hollywoodien, est proposé un schéma aussi déstructuré.

 Un scénario (dans un schéma linéaire à trois parties) composé d’un début, d’un milieu et d’une fin, rencontre ce que l’on appelle deux « turning points ». Il s’agit là, d’éléments déclencheurs, permettant de créer des retournements de situation dans un scénario. Ils se situent entre le [début-milieu] et le [milieu-fin]. Le premier « turning point » permet d’installer un problème dans la narration, que les protagonistes essaieront de résoudre en milieu de film. Puis le deuxième « turning point » est l’évènement qui va permettre de résoudre le problème et de nous faire accéder à la fin du film. Le but de Quentin Tarantino, si nous le simplifions, serait de suivre ce schéma suivant: [fin-début-premier turning point-milieu-deuxième turning point]. Les films de cette trilogie auront tout de même des constructions différentes, permettant de s’adapter à l’intrigue. Le réalisateur tient à nous donner les réponses de façon morcelée, comme un puzzle que nous ne pourrons accomplir qu’une fois toutes les pièces en notre possession. C’est pourquoi, de toute sa filmographie, cette trilogie est probablement, l’œuvre maître du cinéaste américain. Un autre scénariste comme Guillermo Arriaga (Babel, 21 grammes…) construira les narrations de cette manière.

 Reservoir Dogs: Un groupe de gangsters ratent leur hold-up. Certains sont blessés, d’autres en fuite. Nous remontons dans la narration, à l’aide de flash-back, pour découvrir le déroulement de l’opération à travers chaque protagoniste. Le but étant de découvrir lequel d’entre eux est le fameux traître. Coup de théâtre: Le gangster blessé, aux portes de la mort, est ce fameux policier infiltré. La force de l’intrigue est jouée sur cette ironie du sort.

 Pulp Fiction: Certainement le film le plus complexe des trois, a pour but de montrer comment les personnages principaux ont pu se croiser dans la narration alors que la motivation de chacun est différente. Inspiré des bandes dessinées Pulp, le film crée parfaitement ce décalage entre action, culture populaire et multi intrigues. Pulp Fiction à l’art de donner son importance à chacun. « Tous les œufs pourris sont dans le même panier » (Inglorious Basterds), afin de rendre l’issue de Pulp Fiction, aussi incertaine et inattendue.

 Jackie Brown: Prisonnière de sa relation avec le trafiquant Ordell Robbie, elle va monter un coup entre plusieurs personnes pour se libérer d’Ordell et fuir avec une grosse somme d’argent. Au beau milieu d’un conflit entre policiers et truands, Jackie va monter toute l’opération afin de se servir des plus utiles et de se débarrasser des plus gênants.  Tous les personnages se croisent lorsqu’une mallette pleine d’argent est en jeu. Tarantino présente le déroulement du plan, à plusieurs reprises, à chaque fois à travers un protagoniste différent.

 


 

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