L'Art est sur l'Image Cinématographique

Un Blog sur l'analyse filmique et la critique


lundi 25 février 2013

Analyse du Grindhouse: Boulevard de la mort et Planet Terror

 
 
En 2007, le résultat du binôme Quentin Tarantino et Robert Rodriguez, s’intitule Le Grindhouse. Il s’agit plutôt d’une association entre deux amis réalisateurs, plutôt que d’une rivalité. Ils avaient pour intention, de produire deux films, s’inscrivant dans la lignée du film de série B. Le film de série B regroupe certains genre comme: l’horreur, l’action ou l’aventure. La production confit une somme d’argent assez restreinte, obligeant aux réalisateurs d’avoir recourt à du matériel moins performant, à un casting composé d’acteurs amateurs, des musiques commerciales et à des conditions de tournage plus complexes. Etant donné que la qualité du film et du jeu d’acteur, semble en dessous de la moyenne, le film B mise sa réussite sur certains points: des jolies filles, une histoire déjantée, pleine d’action et… « cool ». Le film B, n’ayant pas sa place dans les grandes salles de cinéma, était souvent diffusé en binôme sur les écrans d’un « Drive-in » (grand parking + cinéma américain, se déroulant le soir).

Bien que la notoriété de ces deux réalisateurs, leur permette d’obtenir assez aisément la confiance de certains producteurs, ils avaient tout de même ce désir de lancer un projet de série B ensemble. Les frères « Weinstein » (producteurs) prirent ce projet en main et divisèrent les coûts de la production entre les deux réalisateurs. C’est en partie la raison pour laquelle nous retrouvons les mêmes acteurs dans les deux films. Plus par question d’esthétisme, les deux réalisateurs voulaient donner un effet « sale et abimé » à la pellicule. Il fallait reproduire cette même sous-qualité que les films de série B. Mais surtout, nos deux réalisateurs voulaient livrer leur vision « cool » du cinéma. Ce n’est pas manqué, quand nous voyons le casting féminin de Boulevard de la mort ainsi que la fatale Cherry à la mitraillette. Tarantino et Rodriguez, s’amusent en parfait duo et travaillent même à deux sur chacun des films.

Quentin Tarantino (ainsi que Robert Rodriguez) revisitent le film B d’horreur. Les belles voitures ont souvent une place importante dans ces types de film, et Tarantino a eu l’idée de se servir de carrosserie pour forger le squelette de son film d’horreur. L’histoire est simple: un homme prend plaisir à tuer de jolies filles avec sa belle caisse. La force de Tarantino est de rendre à la fois tous ses acteurs attachants, de nous inquiéter de leur folie, et le plaisir de transformer le psychopathe en une victime par des retournements de situation. Les années 70, connaissent une émergence de la figure « psychopathe » au cinéma. Le film de série B, a connu une forte prolifération de tueurs dangereux. Il était remarquable de voir Quentin Tarantino, associer un psychopathe, à sa voiture. Quant bien même il s’agit là d’une imitation de films dépassés. Les réalisateurs ont su les remettre au goût du jour et les innover. De plus, Boulevard de la Mort, entre parfaitement dans les codes du cinéma Tarantinien. Nous restons dans « l’ultra-référence ». Nous pouvons d’ailleurs voir le film Grindhouse de Tarantino, comme un hommage au cinéma de Dario Argento.


Anecdote:

Cette référence concernerait « l’Oiseau au plumage de cristal » de Dario Argento. Nous avons le point de vue subjectif d’un appareil photographique qui semble prendre des clichés d’une femme. Pendant ces prises de vue, on entend une musique assez enfantine, composée par Ennio Morricone. On apprend au fur et à mesure, que ces photos sont prises par « le tueur en série » du film. Il matérialise la figure de ses prochaines victimes. Nous pouvons retrouver ce clin d’œil dans « Boulevard de la mort » de Quentin Tarantino, quand le tueur photographie ses prochaines victimes. Nous retrouvons le même point de vue subjectif de l’appareil photographique, ainsi que la même musique. « L’Oiseau au plumage de cristal » est constitué des mêmes musiques d’ambiance. « Boulevard de la mort » reprend les mêmes sons, pour instaurer ce suspense à la Argento.  Tarantino, fait sans aucun doute référence au cinéma italien, et qu’il s’inspire du genre suspense-horreur. On connaît le goût du réalisateur pour le western spaghetti, dont Sergio Leone fut le fondateur.

Boulevard de la mort, propose des montages cinématographiques intéressant. Lorsque Stuntman Mike tue les quatre premières filles du film, on nous montre à quatre reprises comment ont périt chacune d’entre elles. Il détruit ces icônes féminin du film B par la cascade suicidaire du tueur. Tarantino fait percuter la beauté mécanique à la beauté charnelle, à tel point que nous nous demandons si nous sommes contents ou non de la prouesse meurtrière de Kurt Russell (Stuntman Mike). Ces filles dont on ne peut nier le charme, se transforment chacune, en des victimes méconnaissables. Boulevard de la mort, provoque par la destruction du beau, une cruauté qui nous fait changer d’avis sur l’amicalité de Kurt Russell. Tarantino, comme à son habitude, balance entre le beau et l’horrible, entre humour et l’inquiétude. Le spectateur se prend d’amitié avec le personnage de Stuntman Mike, parce qu’il semble posséder une forte personnalité et des arguments à toute épreuve. Alors que nous croyons êtres rassurés par l’attitude de cet homme, à bord de son véhicule, il tombe dans un état d’instabilité mentale, puis devient un bourreau sans état d’âme. Le véhicule semble même posséder une vie propre à lui (comme dans le film, Christine). En fin de compte, Boulevard de la Mort est à la croisée d’un Dario Argento et d’un John Carpenter, dont ce dernier avait d’ailleurs pour acteur fétiche, Kurt Russell. Nous savons dès le début du film, qu’il sera l’ignoble tueur, et pourtant, Tarantino arrive à créer un doute dans notre proximité avec ce personnage. Dans la deuxième partie du film, quand il cherche ses prochaines cibles, il n’y a plus de doutes, nous connaissons le personnage et de quoi il est capable. C’est pour cela, quand les nouvelles filles, réagissent, et massacrent à mains nues leur persécuteur, nous spectateur, ressentons une sorte d’exaltation à ce qui semble être une « vengeance d’outre tombe ». La force de Quentin Tarantino, demeure dans la puissance dramatique de ses personnages. Parce qu’il sait tout semer: l’amitié, la compassion, le doute et la peur.

 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire