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mardi 20 mai 2014

Analyse et Critique - Grace de Monaco d'Olivier Dahan


GRACE DE MONACO – Comme un effet « People-itique »


Quand on touche aux affaires politiques, qui plus est celle d’une souveraineté, le cinéma ouvre le champ aux contestations. Pourtant le film d’Olivier Dahan a une place « logique » au sein du Festival de Cannes. 
 

Le film est sorti le 14 mai 2014 pour l’Ouverture du 67e Festival de Cannes. Il a été écrit par Arash Amel et réalisé par Olivier Dahan.

Filmographie : Frères (1994), Déjà Mort (1998), Le Petit Poucet (2001), La Vie Promise (2002), Les Rivières Pourpres 2 (2004), La Môme (2007), My Own Love Song (2010), Les Seigneurs (2012), Grace de Monaco (2014)



Il est délicat de réaliser une fiction inspirée de faits réels. Elle impose un point de vue et prend un parti. Il devient difficile de faire preuve de neutralité. Le film « s’inspire » donc ne prétend pas à l’entière exactitude des faits. Ce long métrage peut devenir aux yeux du spectateur, qui ignore tout de l’Histoire de Monaco, la première vérité reçue. Le scénario peut sembler contrariant pour les Monégasques. Le film donne l’impression que Monaco est « hostile » car nous sommes confrontés à l’éprouvante intégration de Grace Kelly.

La polémique dont on parle depuis quelques jours concernerait les affaires d’espionnage et le « coup d’Etat » prémédité par Antoinette, la sœur du prince Rainier III. Grace de Monaco ressemble à une Croisade avec des producteurs américains, un réalisateur français et l’histoire de la famille Grimaldi. Grace se marie avec le prince en 1956, la narration se déroule de 1961 jusqu’en 1963 une période marquée par des tensions entre Monaco et la France. Le Général De Gaulle voulait imposer des taxes et annexer le rocher au reste du pays, tandis que le prince Rainier III s’opposait en revendiquant leur indépendance économique. Dans l’intention de faire abdiquer le prince, le Général De Gaulle a mis en place un blocus devant faire pression sur Monaco.

            Ce Biopic (sans l’être réellement) prend pour personnage principal Grace Kelly, partagée entre son amour pour le cinéma puis son devoir de mère. L’actrice américaine n’est à priori pas au centre de l’action puisque l’on s’attarde sur le conflit franco-monégasque. Nicole Kidman est longuement snobée par le film avant de devenir un vecteur de réconciliation. On nous montre une femme désarmée, qui n’est pas reconnue en tant que princesse, avec ce côté naïf et « blanche-neige » qui a tendance à rendre l’ensemble « gnian gnan ».

Elle va gagner sa place en jouant de sa notoriété et en touchant le cœur des Monégasques. Comme Grace, on se sent en proie à un monde que l’on ignore et qui a pour conséquence de rendre Monaco « hostile ». Nous partageons son exclusion, ses peurs et ses colères, ce qui crée intelligemment cette atmosphère tendue. Elle finit par renverser la situation en se servant d’une arme : le « people », pour contrebalancer avec son manque d’expérience en politique. Résignée à être simplement perçue comme une « icône », elle se sert de son image et de sa « bienveillance » afin de séduire l’opinion publique et mettre le Général De Gaulle le dos au mur. La caméra, par ses longs mouvements de flottement, ses gros plans sur les yeux et la bouche de l’actrice, appuient le charisme du personnage. Aux yeux du monde elle doit incarner le rêve et le succès américain. Elle arrive à conquérir le prince en témoignant de sa persévérance mais en incarnant tout à la fois l’espoir et la réussite. Ce rôle est difficile à interpréter car il se construit à travers le regard des autres protagonistes qui ont la mauvaise manie de la faire passer pour une « potiche » et constitue un obstacle pour démontrer sa profondeur. En accentuant que sur la pureté de Grace (beauté, humaine, naïve), le film ne lui permettait plus d’être touchante mais seulement un moteur esthétique et sensuel. Il s’agit d’une stratégie à double tranchant qui prend le risque de ne plus convaincre le public.

            Grace de Monaco a une raison d’avoir sa place à l’ouverture du 67e Festival de Cannes. Le premier Festival a commencé dans les années 50. Avant d’épouser Grace Kelly, le prince Rainier était déjà proche de Marilyn Monroe. Elles sont pionnières de « ce conte de fée » produit par l’industrie cinématographique. Ces mariages permettaient d’entretenir ce monde d’apparence et devenaient une sorte de « mode ». Grace Kelly a été choisie avant tout pour son image. A Cannes, le film fait écho aux débuts du Festival. Il incarne le succès, un monde étoilé et magique, l’idéal que l’on retient des acteurs de cinéma. Le visage de Nicole Kidman s’illumine au centre des couleurs chaudes. Lors du discours elle joue son propre rôle, déroule une série d’émotions et se sert du cinéma pour faire sa déclaration d’amour.



Rameau Antoine

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