L'Art est sur l'Image Cinématographique

Un Blog sur l'analyse filmique et la critique


dimanche 6 octobre 2013

Le Frisson au Cinéma

 
 
Quelle est la place du genre frisson au cinéma ? Abuse-t-on de ce terme ?


 

Difficile de faire la distinction entre les genres cinématographiques qui sont regroupés dans un même champ lexical : le film frisson, le film suspense, le film d’épouvante, le film d’horreur, voire le film gore. De nombreux termes viennent nuancer le genre d’un film. Parfois ils sont mêmes associés. Nous pouvons parler d’horreur-épouvante sans forcément établir de réelles différences d’un genre à l'autre.

Le Frisson correspondrait à une sensation, un mouvement produit par une émotion ou la peur.
L’épouvante serait une terreur soudaine, causée par un élément néfaste ou dangereux.
L’horreur est plutôt ce qui repousse et créer de l’effroi.
Le suspense quant à lui, tient le spectateur dans une attente "angoissée" d’un Évènement qui risque de se produire.

Le Frisson est souvent assimilé à la sensation du "froid". Une sensation capable de raidir le corps et de redresser les poils du spectateur. Un court métrage ou un film frisson ne peut être comparé au film d’horreur car il ne prétend pas dégoûter le public d’images sordides ou repoussantes. Le Frisson serait à mi-chemin entre le film avec suspense et le film d’épouvante. Là où le frisson donne des sueurs froides, l’épouvante s'annonce être une peur beaucoup plus "glaçante".



Ces différents genres peuvent être rangés sur une échelle croissante qui traiterait de la peur :

     1-Le Suspense : amené par les tensions et les enjeux de la narration.
    
     2-Le Frisson : premiers accès à la peur, laissant des sueurs froides.
 
     3-L’Epouvante : deuxième stade dans la peur venant tétaniser le spectateur.
    
     4-L’Horreur : troisième stade, la peur est associée à des images désagréables.
 
     5-Le Gore : quatrième stade, l’horreur devient insoutenable.


Le suspense est ce qui permet d’accéder à des sentiments de peurs et de stress. Il est le phénomène qui demeure à travers chacun de ces genres. La force d'une narration réside dans la construction de son suspense. Un film frisson, d’épouvante ou d’horreur ne peut être efficace si le suspense n’est pas soigneusement mis en place. Un film d’horreur peut être un échec et même provoquer le rire si le suspense est mal exploité. Des réalisateurs jouent consciemment avec les codes pour rendre le film d’horreur comique. On peut citer le récent Tucker and Dale qui fonctionne au quiproquo. Il demeure efficace car son suspense est décomposé intelligemment.

Alfred Hitchcock est appelé « le maître du suspense » mais il aurait pu être appelé « le maître du frisson ». The Birds, Psycho ou encore Vertigo, tiennent le public en haleine par leurs enjeux, ainsi que l’inquiétude qu’ils suscitent. Le titre français de Vertigo n’est autre que Sueurs Froides, que l'on peut rapprocher du genre frisson.

Un métrage de frisson qu’il soit court ou long, repose sur la qualité de son scénario, sur son suspense, son originalité et éventuellement grâce aux moyens financiers dont il dispose. Le nombre d’effets spéciaux semble devenir de plus en plus conséquent selon le genre du film. Le film d’épouvante et le film d’horreur font appels à de plus grands moyens : déguisements de monstres, fausses blessures, effets introduits lors du montage. Un film frisson touche les émotions sans pour autant avoir recours à des effets trop coûteux. Le manque de moyens ne signifie en aucun cas que le film sera médiocre. De nombreux métrages sur le frisson sont des chefs d’œuvres tandis que d’autres films d’horreurs sont de véritables navets. Bien au contraire, le travail des artistes sera beaucoup plus valorisé si l’idée est brillamment développée.
Le métrage de FRISSON est une excellente façon de prouver la qualité de la plume et de la réalisation.



Le genre frisson tire ses influences de divers milieux :

-les romans
-les films d’auteur
-la musique

Ces influences peuvent êtres très récentes ou beaucoup plus anciennes. Elles n’ont cessées de nourrir le genre. L’un de ces écrivains n’est autre que Stephan King dont de nombreux livres ont été adaptés à l’écran : Shining de 1980, Carrie de 1976, Maximum Overdrive de 1986, The Dead Zone de 1983…). Beaucoup plus vieux mais qui a continué d’inspirer les générations suivantes: Edgar Allan Poe (Le Chat Noir, Le Scarabée d’Or, Le Portrait Ovale…).

Le cinéma français, notamment les courts métrages produits en France, semble très peu exploiter le genre frisson. Pourtant nous possédons nous aussi nos propres maîtres. Je peux citer Les yeux sans visage un film franco-italien de Georges Franju réalisé en 1960, adapté du roman de Jean Redon. Il inspira l’un des derniers films de Pedro Almodovar, La Piel Que Habito sorti en 2011.


Le court métrage de frisson est ce qui permet à de nombreux réalisateurs de faire leurs preuves dans l’univers cinématographique. Cela peut être un excellent tremplin dans une carrière artistique et audiovisuelle. De jeunes réalisateurs ont pu monter de plus gros projets et voir leur film être diffusé lors de festivals comme celui de Gérardmer.



Rameau Antoine

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