L'Art est sur l'Image Cinématographique

Un Blog sur l'analyse filmique et la critique


mardi 19 novembre 2013

Analyse et Critique - Gravity d'Alfonso Cuaron

 

 
Gravity sortit ces dernières semaines en salles, avec à l'affiche Georges Clooney et Sandra Bullock est réellement l'une des premières claques 3D que j'ai pu recevoir. Cette technologie évolue toujours de plus en plus, mais elle est plus ou moins pertinente selon le contexte du film. Certains films m'ont laissés le sentiment que son utilisation était inutile ou n'apportait rien visuellement. On se souvient de l'un des premiers films grand spectacle à l'exploiter: Avatar, où on découvrait ce nouveau cinéma. De vieux films sont revenus comme Titanic ou Star Wars. On apprécie, on n'apprécie pas, on est convaincu ou on ne l'est pas. Je me souviens avoir vu des films d'horreur en 3D: Saw, Destination Finale, Silent Hill où l'effet ne m'apporte pas grand chose. C'est probablement plus immersif. J'ai été déçu également par Alice au pays des merveilles de Tim Burton. Encore plus récemment j'ai pu découvrir le Metallica through the never dans lequel la 3D fonctionne mais la fiction laisse à désirer. Voir le groupe sur scène suffisait.

Gravity permet de donner un sens au terme "d'expérience 3D". Ryan Stone et Matt Kowalsky sont envoyés dans l'espace afin de réparer un satellite tombé en panne. Il s'agit à l'origine d'une simple mission, seulement un champ d'astéroïdes est sorti de sa trajectoire et percute le vaisseau de nos personnages. La suite de l'histoire est une longue tentative de survie dans l'espace. L'intrigue est certes simple, il ne se passe pas toujours grand-chose. J'ai entendu deux versions, voire trois: un public impressionné par le film, ceux qui n'ont pas aimés le scénario et d'autres n'ont pas été convaincus par la 3D. Avec humour, je leur dit qu'il faut ouvrir les yeux pendant un film. Un scénario qui travaille l'aspect "survie" peut toujours paraître facile. Mettons-nous à la place d'un cosmonaute: que peut-il se passer réellement quand on est perdus dans l'espace ? 

Aliens ? Voitures volantes ? Des stations Dinners en lévitation ? Non, Gravity exploite suffisamment la carte du "mauvais endroit au mauvais moment". Ne jamais oublier que Gravity est une expérience visuelle, d'acteurs et sensationnelle. Imaginez que la totalité du film soit tourné dans un cube aux 6 faces blanches avec des acteurs accrochés à des harnais. Georges Clooney semble subir les tests de la NASA. Pour la première fois, un spectateur arrive à ressentir l'angoisse d’être perdu dans l'infiniment grand. Difficile de garder espoir dans une telle situation. Ryan Stone ne contrôle aucun de ses mouvements dans la limite où elle n'arrive pas à se retenir à quoi que ce soit. Corps en absence de gravité, l'experte en ingénierie médicale n'a plus d'autre choix que de subir la rotation du système. Logé dans le casque, le spectateur ne distingue aucune échappatoire et se retrouve abandonné au néant. Le public suffoque comme s'il se sentait enfermé. Ce sentiment est paradoxal puisque le personnage est livré à l'infini. Cette panique du vide ressemblerait à cette même panique qu’éprouve le personnage enterré vivant. Nos gestes n'ont aucune emprise, personne ne nous entend et ne nous parle, la mort n'est plus soudaine, elle s'insère progressivement en soi. Elle laisse place à de l'euphorie. Il est même assez inimaginable de voir que Ryan Stone (Sandra Bullock) ai eu autant d'opportunités de survie. Seule au beau milieu de l'atelier du créateur, le personnage est confronté à la mort mais aussi à de nombreuses renaissances. Quand elle entre dans la capsule de sauvetage, Ryan Stone se sent protégée, elle renoue avec le cocon humain fait de métal. En position fœtale, elle recherche l'espoir et accède de nouveau à la vie. Elle se déploie à la recherche d'une faille, d'une issue. Entre impuissance et adrénaline elle parvient miraculeusement à retourner sur Terre. La Gravité gagne en force lorsque la capsule entraîne le personnage jusqu'au fond de l'océan. Soulagée, Ryan garde son corps en contact du sol boueux. 

Le cinéma est aujourd'hui un luxe. Mais si vous recherchez l'expérience 3D, Gravity est une réussite. Ceux qui possèdent un écran 3D à la maison, Gravity sera probablement une très bonne idée DVD (blu ray).



Rameau Antoine

2 commentaires:

  1. Je viens de découvrir ton blog, que je trouve super !
    J'interviens sur Gravity qui m'a passionné, comme énormément de personnes cinéphiles ou non.

    De mon point de vue, le véritable sujet n'est pas la gravitation zéro mais porte sur la gravité de l'existence, la gravité au premier sens du terme.

    L'héroïne Bullock ( et sa larme en 3D...) est perdue dans l'espace comme elle est perdu dans sa vie, elle n'a pas (plus) d'espoir, se lamente sur un passé certes tragique, mais en oublie d'apprécier l'essentiel : elle vit. Rien ne la fixe, elle est dans un néant, se raccrochant à chaque petit espoir/capsule de survie. Elle est l'exact opposé du personnage de Clooney, qui soit dit en passant m'a manqué très vite dans le film, possédant une joie de vivre impérissable. Même dans les moments critiques, il ne perd ni son humour ni sa capacité d'apprécier la vie.

    Je pense que tu vois où je veux en venir, être perdu dans l'espace ici est une métaphore à un état psychologique : accepter la mort... pour mieux vivre. Ce qui est tout simplement génial cinématographiquement.

    Comme tu l'as mentionné, Bullock renait avec son retour dans notre monde : la Terre, elle reconquiert la gravité terrestre après avoir accepté sa propre mort (la séquence de la capsule se désintégrant dans l'atmosphère).

    Cette idée m'est apparue lorsque j'ai parcouru une interview de Cuaron qui parlait justement de la différence conceptuelle de la mort entre la culture occidentale et mexicaine.

    N'hésite pas à réagir si tu n'es pas d'accord avec moi !
    En tout cas tu as un lecteur de plus dorénavant !

    Mathieu D.

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  2. Bien ravi de te compter parmi les lecteurs :) et bien sûr ce point de vue tient la route. Après je pense qu'on peut toujours imaginer plein de choses autour du mot Gravité. Parce qu'après tout, pendant tout le film, il y en a pas, ils sont dans l'espaces. La Gravité schématiquement est un centre invisible qui attire vers lui tout ce qui atteint sa proximité. Mais c'est bien de s'attarder sur cette culture mexicaine, parce que surement il insère une poésie qui lui est propre.

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