L'Art est sur l'Image Cinématographique

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dimanche 8 décembre 2013

Analyse du film Cartel de Ridley Scott

 

Trois oeuvres de Cormac Mc Carthy

No Country for Old Man (2007 - les frères Coen) La Route (2009 - John Hilcoat) Cartel (2013 - Ridley Scott)

 



Cormac McCarthy est un écrivain américain né le 20 juillet 1933. Il a écrit The Orchard Keeper en 1965, Outer Dark en 1968 et Suttree en 1979. L'auteur a vécu des deux côtés de la frontière Mexique/Etats Unis, à El Paso au Texas à partir de 1976 et aujourd'hui à Santa Fe au Nouveau Mexique. Cette position est ce qui lui a sans doute permis de concevoir le scénario de Cartel : les trafiques, les immigrations clandestines, l’ambiguïté des lois entre les deux pays. Il obtient le prix Pulitzer en 2007 et le prix des libraires du Québec avec La Route.

Ces trois œuvres fonctionnent autour d'une frontière à franchir (ou pas). Les personnages, un peu vagabonds, sont plutôt en déroute qu'autre chose. Ils s'imprègnent de la mort, de l'irréparable, du chemin de non retour comme d'une malédiction. Une vie uniquement constituée de choix. Peut être un peu manichéens, ces films mettent en avant des personnages qui doivent faire un choix entre une bonne et une mauvaise voie. Ils sont aventureux, se sentent en position de force, parfois prétentieux et vaniteux ils s'abandonnent aux travers de l'homme, ses pêchés, l'argent, la drogue, le meurtre... . La mort devient un compagnon de route qui use ces personnages. Parfois même ils sont confrontés à perdre tout ce qu'ils possèdent et préféreraient mourir. La mort est pour Michael Fassbender dans Cartel un luxe qu'il ne peut même plus s'offrir. Le personnage principal est comme maudit et il apporte le malheur à ses proches. La Route est un film dans lequel il n'y a plus de notions de frontières et de règles. Le personnage décide d'aller dans le sud des Etats Unis dans l'espoir de survivre à l'hiver. En levant toutes limites, la mort est alors omniprésente. Le personnage de Viggo Mortensen contrairement dans les autres films adaptés de Cormac, n'est pas confronté à dépasser les limites puisqu'elles n'existent plus.

Dans No Country For Old Men, le personnage de Josh Brolin (Llewelyn Moss) s'empare d'un paquet d'argent qui ne lui appartient pas. Un magot vers lequel tout converge: la tentation, les criminels, les mafias, les gens ordinaires, la police. Llewelyn est sans cesse dans la fuite et l'épuisement. Alors qu'il réussi désespérément à se sauver du tueur Anton Chigurh, il est balayé en un clin d’œil par ceux qui ont perdus leur argent lors de la sanguinolente transaction (probablement le Cartel). La femme de Llewelyn, Carla Jean devient malgré elle la victime d'Anton. Pénélope Cruz subit dans Cartel le même schéma. L'avocat joue avec le feu et finit par être confronté à l’incontrôlable situation. Ne sachant plus quoi faire il fuit, abandonné en lâche. Sa compagne est victime du sort que  décrit le personnage de Brad Pitt. Il est inutile de montrer la cruauté des tueurs là où le désespoir de l'avocat suffit pour confirmer nos craintes. M. Fassbender se retrouve seul avec ses regrets. Chacun de ces films arrivent à traduire la force oppressante des oeuvres de l'écrivain. Le sort des personnages est alors confié aux "Dieux". Leurs actes sont jugés selon leur véritable nature. L'avocat se voit refuser le droit de mourir. La tragédie (dite de façon simple) est une histoire qui nous présente les souffrances du personnage jusqu'à sa mort. La mort du héros qui a souffert devient un acte de beauté et d'immortalité. Malgré ses souffrances, l'avocat dans Cartel ne peut accéder à ce statut de héros tragique car il est épargné. Llewelyn meurt dans No Country For Old Men, ce qui nous permet de conserver nos attaches avec le personnage. Le barman mexicain dit une chose à Michael Fassbender que nous pouvons expliquer de cette façon: depuis que j'ai perdu ma femme, ma vie est une tragédie sans fin. 

Cartel n'est pas un excellent, mais un bon film. Il laisse sans doute une partie des spectateurs sur leur fin tout simplement parce qu'il n'y a pas de fin pour le personnage principal. Les rôles sont biens joués et les interprétations sont globalement réussies. Cartel est un film qui ne manque pas de challenge et qui est moins simple à faire adhérer au spectateur qu'un No Country For Old Men (par rapport aux codes que nous venons de décrire). Il demeure un film de divertissement qui a tendance parfois à trop caricaturer ses personnages. Le casting est conséquent et peut être trop décalé. On aurait pu remplacer certaines personnalités par des acteurs moins connus. Fassbender est l'un des personnages les plus aboutis. Cet ensemble préserve le "kitchissisme" d'un Ridley Scott dont on reconnaît le style.



Rameau Antoine

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