Film
chinois sorti en salles le 11 décembre 2013 et réalisé par Zhang-ke Jia
Filmographie : Xiao
Wu, artisan pickpocket (1997), Platform
(2000), Plaisirs Inconnus (2002), The World (2004), Dong (2006), Still Life (2006),
Useless (2007), 24 City (2008), I Wish I Knew
(2010), A Touch of Sin (2013)
Casting : Jiang Wu, Vivien Li, Luo Lanshan, Wang
Baoqiang, Zhang Jia-yi, Zhao Tao.
Nomination : Le film remporte le Prix du Scénario lors du
Festival de Cannes de 2013.
A Touch of Sin traduit par « Un soupçon de pêché » se
réfère au film A Touch of Zen de King
Hu réalisé en 1971. Le film déroule quatre histoires avec quatre personnages
diamétralement opposés. Le premier est un ouvrier, le second vit dans les
taudis, la troisième travaille dans un salon de massage et le dernier est un
jeune en recherche perpétuel d’emploi. Le film s’inspirerait d’évènements réels
et se passe dans une Chine assez récente. Le réalisateur créé un univers qui
tourne autour du « wuxia » (héros-guerrier ou chevalier martial ou
chevalier errant) figure décrite dès le 2e siècle av J-C.
On
peut penser que ce film traite du « hors-la-loi », ressemblant en
quelque sorte au « western » chinois. Les protagonistes sont chacun
en proie à un monde violent, ils sont vagabonds, en quête d’une justice qu’ils
appliquent eux-mêmes, par contrainte ou par choix. En déroute, ils semblent
sans attaches et errants comme l’indique le terme wuxia. Ils sont à l’image
d’un système déjà rude. Si l’on prend en considération les quatre personnages
dans l’ensemble du film, il serait sans doute plus exact de les appeler
« marginaux » (ou déviants de leur société).
On s’attend à un quelconque lien entre eux car
ils viennent à se croiser deux ou trois fois notamment lors du générique.
L’absence de lien entre les personnages nous force à interpréter ces
« croisements » différemment. Le film serait construit comme une « course
de relais » et ils se transmettent leur violence de façon
symbolique : comme si le pêché était transmis du bout du doigt. Ils
deviennent chacun leur tour, des chevaliers errants, caractérisés par des
attitudes ou des comportements. Il y a peu (voire pas) de musique. Par moment
les « héros » ne parlent pas, sont muets. Ils sont dans la continuité
du mouvement, sur la fuite, l’égarement. À leur façon ils avancent dans la
narration : l’un en tuant ses patrons les uns après les autres, l’autre en
étant de passage chez sa famille avant de devoir fuir, l’une après avoir tuée
deux hommes et le dernier à la recherche d’un endroit où se sentir à sa place. A Touch of Sin dépeint d’une certaine
manière la mentalité et l’atmosphère qui règne en Chine au sein de sa
population.
Les
personnages encaissent, puis viennent à exploser ne trouvant plus de solution à
leur situation. Les quatre protagonistes portent un regard soucieux sur la
collectivité et cherchent leur insertion en société. Confrontés à l’échec, ils
basculent malgré eux vers le résultat inverse et nous renvoient au sentiment de
solitude général.
Zhang-Ke
Jia travaille la violence avec intelligence, qui est à la fois un aspect de
leur culture et devient une forme d’inquiétude artistique.
L’info
en plus : Le réalisateur Nicolas
Winding Refn dans son œuvre Only God
Forgives, construit le personnage de Julien de la même façon que le wuxia.
Dans un monde d’errance, de justice, de silence et de violence.
Rameau Antoine
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