L'Art est sur l'Image Cinématographique

Un Blog sur l'analyse filmique et la critique


vendredi 9 mars 2012

West Side Story

 

Film américain. Comédie musicale, dramatique de 2h31 réalisé par Robert Wise et Jerome Robbins en 1961. Avec Nathalie Wood, Richard Beymer, George Chakiris, Rita Moreno, Russ Tamblyn, Simon Oakland, Ned Glass et William Bramley. Sorti le 1er mars 1962.

 
Filmographie :

West Side Story (1961)
Un violon sur le toit (1971)


West Side est un quartier de New York où deux gangs s'affrontent continuellement pour des histoires de territoires. Nous avons les blancs américains nommés les Jets et les immigrés de Porto Rico, les Sharks. Il existait une période fortement marqué par ces gangs, constitués d'orphelins, d'enfants délaissés et livrés à eux mêmes, ou dont les parents sont en difficulté d'insertion sociale. Marginalisés, ils ont pour seule force, l'appartenance à un groupe. Le conflit entre les Jets et les Sharks est une question de nationalité, de couleur de peau et de culture. Ils se battent régulièrement pour défendre leurs coins de bitume. L'affrontement, les duels sont mis en place par une série de chorégraphies ou ce qu'on appellerait aujourd'hui des "battle de danse". Dans le film, les deux clans décident de s'affronter une bonne fois pour toute, pour déterminer qui sont les plus forts et dans leur droit.On peut faire un parallèle avec le film Les guerriers de la nuit (The Warriors) ou bien quelque chose de plus british Orange Mécanique de Stanley Kubrick.



Le film joue sur des formes théâtrales, des espaces scéniques très larges mais se base également sur l'histoire de Roméo et Juliette de William Shakespeare. Le chef des Jets fait appel à l'un de ses anciens membre, Tony, pour participer à un bal et à un conseil de guerre. En face les Sharks dont Bernardo est à la tête, emmène avec lui sa soeur Maria au bal. Lors du bal nous avons la séparation des deux gangs jusqu'à ce que Tony et Maria se croisent du regard et tombent immédiatement amoureux. Ensuite pour ceux qui connaissent Roméo et Juliette, la construction reste la même. Les deux côtés acceptent difficilement leur union. Le couple est déchiré par cette guerre qui arrive à grands pas. Alors que Tony essaye de stopper cette bagarre, le chef des Jets se fait poignarder par Bernardo. Poussé par la colère de voir son meilleur ami mort, Tony tue à son tour Bernardo. Les tensions ne font que d'augmenter, et l'union du jeune couple semble compromise. Maria pardonne à Tony, mais un autre membre des Sharks, amoureux de Maria, va tirer sur Tony.



La moralité est: la haine ne fait que d'engendrer la haine et le malheur.



Par la mort de Tony et cet amour brisé, une trêve semble se produire entre les deux gangs, frappés par la tristesse de Maria. Tony se pose en martyr et Maria en icône religieuse pleine d'amour. West Side Story un pris un coup de vieux. Le film est un peu trop long par moments, mais reste précurseur du style des comédies musicales telles qu'on les connaît aujourd'hui. Il suffit de repenser aux clips de Micheal Jackson pour trouver que des similitudes dans la construction. On peut associer "Bad" avec le moment du film où le nouveau chef des Jets demande aux autres de rester cool. Il est évident de dire que le film aura été une grande source d'inspiration pour les générations à venir. Les chorégraphies sont acrobatiques et carrés. Les chansons restent cultes mais cet ensemble narratif coupé par la musique et les chansons semble par moments casser le rythme. Prenons la scène où Tony retrouve Maria pour la première fois devant ses fenêtres et qu'elle lui demande de ne pas faire de bruit. Ils chuchotent jusqu'à ce qu'ils se mettent à chanter progressivement fort avec une musique diégétique. Bien sur il faut imaginer que les passages chantés, dansés correspondant à un instant où le temps s'arrête autour d'eux.
 
Je sais qu'il y a énormément de fans de West Side Story et je tiens à préciser que je ne lui retire en aucun cas ses vertus cinématographiques et créatrices. Mais comme je l'ai dit précédemment le film a assez mal vieilli.
 
 
(A.R)

Les Infidèles




Comédie d'1h49 réalisé par Michel Hazanavicius (The Artist), Fred Cavayé, Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Emmanuelle Bercot, Eric Lartigau, Alexandre Courtès. Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Alexandra Lamy, Géraldine Nakache, Guillaume Canet, Sandrine Kiberlain, Manu Payet et Isabelle Nanty. Sorti le 29 février 2012.


Je vais éviter de donner la filmographie de tous puisqu'ils sont nombreux, mais je dois dire que je suis agréablement surpris par ce choix, non d'un film unique, mais de l'assemblage de sept sketchs. Quand je me suis attardé sur la bande annonce, rien ne révélait ce choix de réalisation. Donc bien sur quand je regarde le film pour la première fois, il y a des choses qui m'échappent. Puis une fois qu'on me parle de sketchs, à bien sur tout devient clair et là j'adhère. Par contre plusieurs phénomènes me faisaient craindre Les Infidèles. Non pas parce que les affiches ont faits scandale, au contraire ça m'amuse ce côté "culotté". Mais j'avais des craintes à cause de l'ascension Dujardin. Déjà nous avons son immense succès aux Etats-Unis et en France avec The Artist. Le film a raflé tous les plus grandes récompenses possibles (oscar du meilleur acteur, de la réalisation, de la musique...). Juste le césar du meilleur acteur donné à Omar Sy pour Intouchables. Le prendrait-il mal ? Prendra-t-il la grosse tête à la suite de ce succès et de cette médiatisation ? Un peu je pense.

Puis nous entendons par la suite des interviews, des révélations dans les magazines et surtout le people avec un Dujardin qui dit: "Je n'ai pas toujours été fidèle je le reconnais". Si il était déjà infidèle avant The Artist, qu'est ce que ça va être après. Pourtant le couple Dujardin Lamy, notre loulou et chouchou perdure, ils ont du se faire de sérieuses confessions. Puis nous voyons un film plutôt en dessous de la ceinture, nommé Les Infidèles, avec un Dujardin en "mode beau gosse charmeur, belle gueule américanisé". On le sent pas plus touché que ça par le souci de l'infidélité, à moins que ce film soit un plan digne d'une stratégie politique qui mise dans l'autocritique, l'autodérision. Mais je ne me fait pas de soucis, Les Infidèles est un film qui a fait bien plus d'entrées que The Artist. C'est vrai que c'est assez au goût du jour... .

Ceci était simplement des petites craintes jusqu'à ce que je visionne le film. Je l'ai trouvé très divertissant et surtout très dynamique et bien rythmé. Il n'y a pas de longueurs puisque nous employons le principe des sketchs, ce qui se voit rarement au cinéma. C'est au delà de la qualité télévisuelle, mais ça ne cherche aucune prétention si ce n'est détendre avec des sujets qui deviennent un peu effet "de mode". On ne vise pas que l'humour de premier degré. Le thème de l'infidélité est traité de manière sérieux, sensible, drôle, ou cru.
C'est un film qui a sans aucun doute fortement misé sur la popularité de Jean Dujardin.
Tout est commercialement compacte pour fonctionner.
Guillaume Canet qui se veut en général plus sérieux, a été transformé en personnage un peu bourgeois bohème, un peu gâté, lèche bottes, le rendant tout autant insupportable que drôle. Je n'aurais rien d'autre à ajouter à ce sujet, si ce n'est que c'est le film du moment et que cela peut être frustrant d'en entendre parler et de faire parti de ceux qui n'ont pas vus le film. Et également on craint toujours un flop après un succès international.
 
 
 

Et surtout n'oubliez pas que la célébrité n'excuse pas plus l'infidélité qu'avec les gens non célèbres. (A.R)

Juliette Binoche oublie 15 ans de sa vie



Comédie dramatique d'1h37 réalisé par Sylvie Testud. Avec Juliette Binoche, Mathieu Kassovitz, Aure Atika, Daniele Lebrun, Vernon Dobtcheff, Yvi Dachary-Le-Beon, François Berléand et Marie-Christine Adam. Sorti le 15 février 2012.

Filmographie :
 
La Vie d'une Autre (2012)


 
L'actrice S.Testud passe derrière la caméra pour nous réaliser ce premier très bon film. Non, ce n'est pas La Vie des Autres qui est aussi un excellent film Allemand ! Je connaissais l'actrice Juliette Binoche sans m'y attarder plus que cela, mais là dans ce film elle m'a littéralement laissée de marbre. J'ai réellement cru en son jeu d'actrice. J'ai même cru qu'elle était elle même convaincue que c'était sa propre vie. Oui, je sais, c'est ça le boulot d'acteur, mais bon en terme de crédibilité je n'ai rien à redire. Aussi étrange que cela soit, je classerais ce film dans une catégorie presque fantastique qui n'a pas besoin de s'expliquer médicalement ou scientifiquement pour expliquer pourquoi et comment ce qui se passe dans la narration est possible.

Ce qui pourrait jouer en la défaveur de ce film est peut être cette affiche pas très "accrocheur" à l'inverse de l'histoire. On retrouverait presque l'affiche Minuit à Paris de Woody Allen. "Bon ok, un couple heureux, et alors ?". Non justement ce film n'est pas aussi simple que le prétend l'affiche. Encore plus incroyable, c'est de créer ce côté fantastique (mais possible) avec aucun effets spéciaux mais juste le jeu d'acteur. Marie (Juliette Binoche) à 26 ans, elle est jeune, joviale, pleine d'énergie, positive, rayonnante. Un nouveau poste va lui être proposé par des gens hauts placés. Elle croise Paul Speranski (Mathieu Kassovitz) dont elle va immédiatement tomber amoureuse. Ils sont sur la plage, elle l'invite à sa soirée d'anniversaire, ils restent ensemble le soir et font l'amour. Coupe de cheveux au carré, quelques rides en plus, Marie croit se réveiller de cette nuit merveilleuse. Mais Marie a cette fois 41 ans et vient d'oublier 15 ans de sa vie. Elle découvre petit à petit la vie qu'elle mène. Une maison riche en face de la tour Eiffel, des domestiques, un petit garçon de 11 ans, en plein divorce avec son mari (qui travail dans la bande dessinée et fricote avec une collègue), belles voitures, habitudes luxueuses, impératrice d'une grande société, Marie est devenue un autre personnage. En restant la femme douce de ses 26 ans, son entourage nous montre plutôt l'image d'une mère odieuse, écrasante par son pouvoir et son poids dans le monde du travail.

 Paniqué et se rendant compte d'un terrible changement, elle tente par maladresse de recoller les morceaux de ces 15 dernières années sans avouer qu'elle a tout oubliée. Plus personne autour d'elle ne la comprend. Elle découvre un amant de travail qui ne l'attire pas du tout. Elle est rejetée par un mari avec qui elle est en froid depuis cinq ans. Elle cherche à connaître son fils. Une véritable métamorphose s'est produite et l'extraordinaire de ce film est de nous faire deviner la vraie personnalité de Marie par la réaction des autres. Le spectateur est perdu lui aussi car il se réveil en même temps qu'elle, et découvre sa nouvelle vie. La puissance de ce film est d'avoir placé le spectateur dans le même conflit que Marie. Jamais nous ne nous sentons aussi bien projeté que de cette manière. Nous n'arrivons pas à croire que Juliette Binoche tellement touchante, à nous séduire complètement, soit devenue cette personne sans coeur. De bonnes surprises ne manquent pas de nous faire rire. On a par exemple la mère qui dit des "putain", "merde" ou "quoi" qui font faire les gros yeux à son garçon qui réplique "Maman t'as dis putain ?". Mais nous sommes surtout touchés par la Marie qui ne comprend pas comment elle a pu devenir ainsi et qui voit l'homme qu'elle aime comme au premier jour, la détester. En plus d'essayer de recoller les morceaux, Marie tente de réparer la cruauté qui s'est mise en place. Paul déstabilisé retrouve la Marie qu'il a connu. Une fois le film fini, nous sommes dans l'impossibilité de savoir si l'ancienne Marie refera surface, si la mémoire va lui revenir, mais l'histoire pose ce désir humain qu'est "la deuxième chance".

 

 



Alors que j'étais réticent de voir ce film, je deviens immédiatement un spectateur comblé. Même si je ne pense pas que cela sera un avis partagé. Un film de qualité sans aucun doute. (A.R)
 

Quel est ce titre à rallonge ?



Film drame de 2h08 réalisé par Stephen Daldry adapté du roman de Jonathan Safran Foer, avec Tom Hanks, Thomas Horn et Sandra Bullock. Sorti le 29 février 2012.


Filmographie:
 
Billy Elliot (2000),
The Hours (2002),
The Reader (2008)
Extremely Loud and Incredibly Close (2011).

 

 

Vous ne pouvez imaginer à quel point j'ai eu du mal avec la prononciation de ce titre et surtout le bon ordre des mots. Voilà presque un mois que je n'ai eu le temps de poster de nouveaux articles, mais fort heureusement et incroyablement chanceux, j'ai tout de même pu me faufiler quelques fois dans les salles de cinéma.
Je ne vais pas le cacher, ce film a retenu mon attention par son titre à rallonge et ce drôle de garçon qui cache sa bouche alors que pendant tout le film il se bouche les oreilles... curieux. En apprenant qu'il s'agissait d'une adaptation d'un roman, nos librairies n'ont pas manquées de mettre le livre en avant. j'ai lu le résumé, j'ai trouvé cela une nouvelle fois curieux, j'ai décidé d'aller le voir.
Je redoute toujours un peu tous les sujets qui tournent autour des attentats du 11 septembre mais à ma grande surprise, cet évènement si l'on peut dire ainsi, n'est pas tant l'intérêt du film.



Oskar Schell (Thomas Horn) est le jeune héros de l'histoire qui a perdu son père lors du 11 septembre. Oskar est ce qu'on appellerait un génie un peu marginalisé par ce côté surdoué et sa manière singulière de voir le monde. Il entretenait des rapports très proches avec son père, partageait des moments significatifs de sa vie avec lui, à essayer de découvrir comment affronter les obstacles de la vie et surtout développer un sens aiguë de l'enquête et la recherche. Son père lui a appris à se servir de son don et ne pas le voir comme un handicap. Effectivement, Oskar par moment a un comportement assez renfermé, craintif de tous les dangers possibles du monde extérieur. Tom Hanks étant peu présent dans le film, devient par le malheureux hasard victime de la chute du World Trade Center. Nous passons à un an plus tard, avec un Oskar complètement déboussolé (déboussolé jeu de mot avec cette épreuve d'orientation avec la boussole) qui n'arrive pas à faire le deuil de la mort de son père et cherche désespérément de comprendre pourquoi de telles choses doivent arriver. Bien sur il n'y a pas de réponse à cela, mais en fouillant dans les affaires rangés de son père, Oskar casse accidentellement un vase contenant une petite enveloppe fermé avec marqué dessus "Black" et une clé à l'intérieur. Faisant face à ce mystère et aux deux seuls indices: la clé et le mot Black, Oskar semble voir apparaître un nouveau mystère à résoudre laissé par son père. Cette quête de la question: quelle serrure peut bien ouvrir cette clé ? Oskar espère sans doute se rapprocher de son père et le voir à nouveau. Avec son génie et ces deux pauvres indices, Oskar remonte brillement les traces en mettant en place plusieurs systèmes hors de porté d'un enfant "normal".

Sans contredire le déroulement captivant des recherches d'Oskar, mon attention et ma sensibilité de spectateur est tourné vers un autre détail que le dénouement saura réutiliser pour me toucher profondément. Nous pensons pendant tout le film que le personnage de la mère (Sandra Bullock) est totallement absente, n'arrive pas à aider son fils à surmonter cette épreuve. Nous avons de la peine pour la mère qui a également du mal à vivre avec ce drame, et à canaliser les crises d'Oskar. Oskar va même faire des reproches à sa mère, au point de lui dire qu'il aurait préférer échanger la vie de sa mère avec celle de son père. Le spectateur se sent poignardé par ces mots extremement durs et pourtant... chose que je ne dévoilerais pas, la mère sera à son tour, facteur d'un bouleversement dans le coeur du garçon, la plaçant à égalité avec ce que fut le père.


Un autre personnage très curieux, est ce vieillard de la photo ci dessus qui interviendra dans la vie d'Oskar au moment de son enquête et l'aidera. L'enfant voit à travers cet homme, des attitudes similaires avec son père et en fera un lien avec un parent disparu jadis. Cet homme qui ne parle jamais et ne répond que par mots, oblige dans la narration à poser des questions et des réponses simples permettant d'aiguiller Oskar sur le chemin. L'idée que perd régulièrement de vue Oskar, est de prendre le temps de voir ce qu'il a juste à côté de lui. Tel est le rôle de cet homme.
Ce film est une sorte de parcours philosophique et de la rédemption. Le titre du film prend de multi significations: proche du père, de la vérité, voir les choses que l'on a près de soi, un garçon très fort, le côté bruits forts... . Dans tous les cas si vous êtes à la recherche d'un film émouvant, je vous arrête dans votre enquête, ce film est le bon. Bon d'accord c'est un peu arbitraire, mais c'est pour vous certifier de la qualité de ce dernier.
 
 



Nominé. Pas loin d'avoir remporté un prix, de bonnes années s'annoncent pour Thomas Horn. (A.R)

You can't take it with you



Film comédie romantique de 2h07 réalisé par Franck Capra et sorti le 3 novembre 1938, avec Jean Arthur, Lionel Barrymore, James Stewart, Edward Arnold, Mischa Auer, Ann Miller, Spring Byington et Samuel S. Hinds 


 
 
Franck Capra était indéniablement ce qu'on appelle un monstre du cinéma. Avec You can't take it with you (Vous ne l'emporterez pas avec vous) il obtient l'Oscar du meilleur réalisateur. Un prix parmi une dizaine d'autres.
 
Je n'ai pas pour habitude de regarder ce genre de film, mais je doit dire que j'ai passé un très bon moment et que ce dernier transporte des thèmes et des sujets qui serviraient bien de leçons à notre société actuelle.Ce film est réalisé lors d'une période fructueuse du cinéma Américain. Quel(le) réalisateur(trice) récent peut prétendre produire autant de films ? C'est un peu ce qu'on va essayer d'expliquer. Il y a deux choses à noter dans les années 1920 à 1940: la popularité de Brodaway à l'Est (New York) et l'émergence d'Hollywood à l'Ouest (Californie). Avant de s'intéresser au cinéma, on jouait beaucoup de pièces de théâtre et Broadway était un moyen de se faire connaître en tant que metteur en scène ou en tant qu'acteur. Là où beaucoup échouaient à Hollywood, Broadway servait de tremplin dans le monde de la célébrité. Un vrai système de "critiques", de diffusion était mis en place pour les représentations de Broadway. Il s'agissait d'un véritable phénomène culturel qui pouvait soit propulser les artistes ou les descendre (pour dire plus simplement). C'est sur la scène théâtrale qu'on faisait ses preuves. Prenons l'exemple d'Hepburn. Et Hollywood commença en filmant ces fameuses pièces de théâtre. Le cinéma était plutôt du théâtre filmé. Hollywood voulait reproduire cinématographiquement tous les grands succès de Broadway. Puisqu'il y avait énormément de pièces, le nombre de projets était considérable. Autre chose également, puisqu'on filmait du théâtre, les nécessités étaient moins importantes qu'aujourd'hui. Nous étions dans le système du huis clos, ou avec très peu de décors, ce qui permettait une certaine efficacité de production. Si Franck Capra a réalisé autant de films, ce sont pour ces raisons. Le jeu de l'acteur devait être la qualité première de ces films. On peut penser à l'Actor Studio à New York qui forme les comédiens ou futurs acteurs sur les bases du théâtre (De Niro, Pacino, Hoffman). Cela explique également cette importance du "star system" (système basé sur l'importance de la star) aux Etats-Unis. Ce star system est représenté par ces étoiles sur le Walk on Fame à Hollywood (fameuses dalles au sol). La France n'a jamais fonctionné dans ce sens jusqu'à maintenant. Notre pays se distinguait vraiment par ses cinéastes qui travaillaient le cinéma comme un art et non un produit. Avec notre acteur Oscarisé Jean Dujardin et le succès de The Artist nous sommes entrés dans ce star system.

 


Quoi qu'il en soit le film parle d'un homme d'affaire Anthony P. Kirby (Edward Arnold) qui veut installer ses usines dans un quartier résidentiel. Il a réussi à obtenir propriété de toutes les résidences sauf une, celle de Martin Vanderhof (Lionel Barrymore) qui refuse de vendre sa maison. Se heurtant à Mr.Vanderhof, Mr.Kirby ne peut toujours pas renvoyer de chez eux, les habitants du quartier, qui comptent sur Martin pour qu'il ne cède pas. A côté de cela la petite fille de Martin, Alice Sycamore (Jean Arthur) tombe amoureuse de Tony Kirby (James Stewart) le fils de Mr.Kirby. Nous avons une remarquable confrontation des classes sociales entre la bourgeoisie et la classe moyenne. L'une défend les valeurs de l'argent et du travail et l'autre les valeurs de l'amitié et une certaine liberté bohème. Quelle issue va amener le rapprochement du jeune couple ?
 


Assez proche de la comédie musicale, You can't take it with you est un film de moeurs qui veut nous montrer que l'argent et le succès ne fait pas forcement le bonheur. On retrouve cette dimension théâtrale un peu Shakespearienne du couple Roméo et Juliette déchiré par les oppositions familiales. La plupart des films de l'époque essayaient de finir sur une fin heureuse qui montre l'ascension psychologique de ses personnages ou disons plutôt donnant une certaine prise de conscience. Cela devait rester un genre de "films culturels" avec des jugements de valeurs et autres vertus. Mais très vite on fait face à un dilemme entre l'aspect "culturel" et cet aspect production à la chaîne de ce genre. Cela devient très vite des sujets clichés, vus et revus. Une sorte de soupe qui fonctionnait à l'époque. En regarder un de temps en temps me parait louable, mais je ne pense pas qu'il faille en visionner à la chaîne également. 
 

 


(A.R)