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lundi 27 janvier 2014

Analyse et Critique: Le Vent se Lève, l'ultime film d'animation de Hayao Miyazaki


Le maître de l'animation japonaise Hayao Miyazaki se retire du cinéma en nous livrant son onzième long métrage, Le Vent se Lève. Il nous laisse une magnifique filmographie pleine de beauté et de poésie.

 
Le Château de Cagliostro -1979
Nausicaä de la vallée du vent -1984
Le Château dans le Ciel -1986
Mon voisin Totoro -1988
Kiki la petite sorcière -1989
Porco Rosso -1992
Princesse Mononoké -1997 (de loin mon préféré)
Le Voyage de Chihiro -2001
Le Château Ambulant -2004
Ponyo sur la falaise -2008
Le Vent se Lève -2013




Le film s'inspire de la vie de Jiro Horikoshi qui conçut (entre les deux Guerres Mondiales) les chasseurs bombardiers japonais Mitsubishi A6M ou appelés "Chasseurs Zéro". Le personnage principal voue depuis son enfance une véritable passion pour l'aéronautique. Son modèle, Caproni est un personnage directement inspiré de Giovanni Battista Caproni, un ingénieur italien en aéronautique (ingénieur civil, électricien, concepteur d'aéronefs) qui fonda en 1910 sa société de construction d'aéronefs. L'entreprise Caproni a participé à la construction d'avions utilisés pendant la Première et la Seconde Guerre Mondiale.
Le personnage de Jiro marche sur les pas de Caproni. Possédant tous les deux le même désir, construire de beaux avions, ils se retrouvent à bord d'un rêve commun dans lequel ils souhaitent fabriquer des avions qui transporteront des personnes et non des armes. La plus grande partie du film se situe entre les deux Guerres. Jiro consacre tout son temps aux études et à la conception. Il est brillant et se fait reconnaître auprès de la marine impériale japonaise. Le film est de bon ton car il fait le choix d'accentuer l'amour et les passions des personnages. Le but n'était pas de présenter Caproni ni Jiro comme des collaborateurs, mais simplement comme des gens qui aimaient leur métier. Le film commence avec le rêve de Jiro dans lequel il aperçoit des bombardiers en train de détruire les villages. D'une certaine façon Jiro participe à l'effort de guerre. Les attitudes souvent positives des personnages de Miyazaki, font qu'ils ne travaillent pas au nom de la Guerre, mais pour pousser leur créativité (nous devons beaucoup de choses à Einstein, y compris la bombe atomique...). Le mal n'est pas de créer, il réside dans l'utilisation de sa création. Afin de rester tout public, Miyazaki prend le parti de la beauté. Il s'agit d'un film beaucoup plus technique dans lequel l'auteur mêle Histoire de l'aéronautique et Rêverie. Le réalisateur qui est habitué aux films fantastiques, suggère par moments un peu de fantaisie. Lors du tremblement de terre nous entendons les hurlements de la planète. Les avions également produisent des bruits "bestiaux". Le vent, acteur central du film, anime ce qui semble difficile à animer. Il confie même une âme à la mécanique. Lorsque Jiro fait des tests sur un porte avion avec son patron, les avions projettent, crachent de l'huile de moteur. Les personnages sont souillés par ces gouttes noires qui ressemblent plus à des gouttes de sang. Miyazaki humanise les avions en leur donnant des cris et en les maltraitant. Leur but devrait être de servir et non détruire.
Le vent permet à Jiro de faire la connaissance de Naoko dont il va tomber amoureux. Cette force naturelle les rapproche sans cesse. Le vent sert même de messager entre les deux personnages. Le vent provoque l'intuition et sert d'énergie à ceux qui l'inspirent.
Sans doute la force de Hayao Miyazaki est de donner de la force à ce qui ne peut être animé. Le vent qui n'a pas de forme ou de visage est omniprésent. Tout dépend du mouvement de la nature, des vêtements, des objets... . La force du réalisateur est de donner vie à ce qui l'est difficilement. Comme dans tous ses films, il rend la nature complice. Il nous permet de croire en des forces qui influent sur le monde et l'environnement. La majeure partie de ses films ont pour thèmes: le ciel, le vent, le voyage, les amours épiques et les châteaux. Porco rosso était lui même un personnage pilote d'avion. Kiki vole grâce à son balai, nous retrouvons les mondes cachés et perdus avec les châteaux. Tout réside dans le voyage inattendu, le transport immatériel, les divinités. Les personnages grandissent grâce à des expériences de vie. Ils acquièrent de la sagesse et de la maturité.
Avec ce dernier film, Miyazaki s'aventure dans un sujet peut être un peu plus adulte que d'habitude, plus complexe, tout en révélant le monde beau tel qu'il est.

Rameau Antoine



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