La société rencontre aujourd'hui, son come-back années 70 et une nouvelle ère marginale
Analyse Poussée de Spring Breakers #1
Est sorti récemment sur les écrans, un film américain d’Harmony
Korine « Spring Breakers ». Ce film a été bien reçu par la critique,
mais beaucoup moins par le public. Peut être parce qu’il est beaucoup trop tôt
pour montrer que le film a pour but de présenter ces mêmes transformations qui se produisirent dans les années 70. L’histoire concerne quatre jeunes étudiantes
qui en ont assez de leur quotidien. Elles désirent amasser le plus d’argent
possible afin de partir vivre l’expérience du Spring Break, qui est le moment
le plus festif de l’été en Floride. Cette fête se résume à : la plage, la
musique, l’alcool, la drogue et le sexe. Un lieu paradisiaque où il est
possible de flirter avec différents « plaisirs » illégaux. Ces jeunes
filles au tempérament très acide et violent, décident de braquer un restaurant
afin de réunir les fonds nécessaires pour le voyage. Elles utilisent des
cagoules et des faux pistolets pour accomplir leur hold-up. Suite à quoi, elles
partent en Floride à la recherche de la liberté. Ces jeunes en recherche d’évasion,
et de limites à dépasser, peuvent assez facilement nous rappeler le courant
beatnik, ou les hippies qui revendiquaient le droit d’user de leur vie comme
bon leur semblaient. Nous retrouvons les mêmes ingrédients, entre drogue et
expériences à vivre. Ces jeunes filles déclarent tout haut leur rupture avec un
monde qui semble privatiser les populations, une société chère et mensongère. Loin
de la politique « Peace and Love », le film penche vers l’aspect
violent et destructeur qu’amène cette vie. Les hippies eux-mêmes étaient
persécutés, pour leur désir de rester en marge et s'opposer à la loi. Spring
Breakers varie entre le coloré et les groupes communautaires des années 70.
Nous retrouvons des influences venues d’un Brian De Palma avec Scarface entre
sa violence et cette ascension vers un rêve, puis un Easy Rider sur le thème du
voyage et de la rencontre. Les jeunes filles finissent par êtres arrêtées en
Floride pour usage de stupéfiants. C’est un rappeur et trafiquant de drogue du
pseudonyme d’Alien qui vient les libérer, charmé par ces corps exhibés en
maillot de bain. Les filles sont plongées dans l’univers gangster d’Alien, et
le rêve prend des tournures de cauchemar. La perte des repères (l'anomie) est encore plus
accentuée dès lors, que les jeunes filles entrent dans une violence qu’elles ne
savent interpréter et maîtriser. Perdues dans le rêve pré fabriqué du Spring Break, les
quatre amies sont conduites à êtres séparées les unes après les autres :
la première prend conscience qu’elles vont trop loin, la deuxième survie d’une
balle reçue à l’épaule, puis les deux dernières franchissent la limite ultime,
en déclenchant une tuerie chez un gangster rival. Harmony Korine, artiste extrêmement
contemporain renvoi au spectateur l’image dégagée par la société de consommation
et les média. Un monde illusoire, où encore une fois, la société possède dans
ses plus hauts sommets des personnalitées douteuses, des rappeurs riches, trafiquants et meurtriers. Digne d’une
fin comme dans l’Inspecteur Harry ou bien même dans Bonnie and Clyde, l’adrénaline
retombe après l’apogée de la violence. Comme l’expression, « le calme
après la tempête », le film montre que le plaisir est éphémère et que les
actes restent inscrits sur les visages.
Nous pouvons aussi reprendre l’image d’une nouvelle jeunesse rebelle
qui succède à James Dean et à La fureur de vivre. Les jeunes filles dont on ne
connaît leur vie privée, n’ont pas l’air d’avoir de familles. Elles ne se
soucient plus de rentrer et décident de rester en Floride. Elles cherchent auprès d’Alien,
une nouvelle famille « idéale » où la vie serait un luxe. Peut-on
considérer qu’elles sont en mal d’intégration comme le fut James Dean ?
Difficile encore à prouver aujourd’hui, mais les envies et les exigences ont
changées. Le rêve, devient un rêve de luxe et de consommation, probablement
parce que la société se transforme en un monde qui pousse à cet extrême (technologie qui progresse au delà de nos moyens et des produits vite démodés).
Là où la population ne peut plus se le permettre, elle provoque des déceptions
et un nouveau cycle de marginalité.
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